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Sicile : histoire, folklore et architecture

trace des Normands


De la chute de l’Empire Romain d’Occident à l’expulsion des Angevins.


La Sicile devint une possession byzantine è la suite de la conquête opérée par le général d’empire Bélisaire en 535 apr. J.-C.
L’île subit pendant trois siècles la domination byzantine, jusqu’à ce que, au VIIe siècle, commencent les incursions musulmanes d’Afrique. Leur con­quête, fort lente, mais portée à terme par des moyens d’une férocité inouïe, provoqua la chute des cités les plus importantes : Mazara en 827, Palerme en 831, Messine en 843, Enna en 859, Syracuse en 878, Taormina en 902. La suprématie des Musulmans en Sicile fut garantie pendant des siècles par leurs garnisons établies en Italie du Sud, qui leur servaient de moyen de défense, par la division politique de l’Italie et par l’incapacité des empe­reurs francs et teutons à s’en emparer.
Les Arabes firent de Palerme la capitale de l’île et introduisirent de nouvel­les cultures : caroubier, mûrier, citronnier, oranger à oranges amères, pal­mier dattier et canne à sucre.
Il ne nous reste de l’architecture arabe que quelques ruines de mosquées et de fortifications, où apparaît nettement le type de construction aux for­mes géométriques simples.
Les Normands installés dans le sud de l’Italie parvinrent à enlever l’île aux Musulmans.
Roger de Hauteville s’engagea dans cette dure entreprise aux alentours de 1060 et la porta à terme en 1091, faisant de l’île un fief de Robert Guiscard. Roger II lui succéda, qui réunit la Sicile au Sud continental et obtint en 1130 de l’antipape Anaclet II, puis en 1139 d’Innocent II la couronne de Sicile en tant que fief du Saint Siège. Guillaume 1er, dit le Mauvais, et Guillau­me II le Bon lui succédèrent : ce dernier réussit à marier l’unique héritière légitime de la dynastie, Constance, au fils de Frédéric Barberousse, Henri (1186).
Henri IV dut lutter contre un parti puissant, qui lui donnait pour adversaire un descendant illégitime de la Maison normande, Tancrède, avant de con­quérir le royaume et de se faire couronner à Palerme en 1194. Mais il mourut au bout de quelques années de règne. Son fils, Frédéric II, lui succéda : ce fut le plus grand et le plus habile des souverains de Sicile. Il entreprit une réorganisation complète du royaume. Sous les Normands, la Sicile connut un essor économique remarquable, atteignant au comble de la prospérité justement sous Frédéric II, qui réussit à affirmer son autori­té et à s’imposer comme le premier souverain absolu des temps modernes. La Sicile représentait le centre de l’organisme politique le plus vaste exis­tant en Occident ; à l’intérieur régnaient la paix et l’autorité du roi, et ses lois étaient respectées. La vie économique reprenait, la production et les échanges commerciaux étaient florissants, pour autant que pussent le per­mettre les conditions naturelles de la région et les normes législatives. Sur le plan culturel, les laïques eux aussi commençaient à obtenir quelque au­dience. C’est à cette époque en effet que s’affirme « l’école sicilienne » en noble langue vulgaire.
L’on doit aussi aux Normands les monuments les plus importants de l’île, d’une haute valeur artistique : la Chapelle Palatine de Palerme, la Cathédra­le de Cefalu et celle de Monreale.
Après la mort de Frédéric II l’île traversa une période difficile et agitée, à laquelle le Pape essaya de remédier en plaçant sur le trône Charles d’Anjou. Mais la Sicile fut particulièrement mécontente du gouvernement angevin, tout d’abord à cause de son système fiscal, ensuite parce qu’elle se sentait placée au second plan après Naples, où s’était installé Charles 1er. Il s’ensuivit l’insurrection des « Vêpres siciliennes » (31 mars 1282) et l’in­tervention de Pierre III d’Aragon, appelé en renfort par les Siciliens : de là la guerre entre Angevins et Aragonais.


Folklore

Aucune autre région d’Italie ne peut sans doute se vanter, comme la Sicile, de posséder un patrimoine traditionnel et populaire aussi riche et aussi connu. Et c’est lui qui nous révèle en grande partie l’âme de la Sicile. Le folklore va en fait bien au-delà d’une simple manifestation extérieure et superficielle des habitants : il reste lié à la conception sicilienne de la vie et du monde, à l’évolution de la civilisation sici­lienne.
Giuseppe Pitre a étudié de près le folklore sicilien et c’est ainsi qu’il a pu écrire entre autres : « En Sicile le passé n’est pas mort : il vit en nous et avec nous, il nous accompagne et se manifeste jusque dans le lit nuptial, auprès du berceau ou du cercueil, dans les fêtes et dans les jeux, dans les spectacles et à l’église, dans la rue et dans les champs, il vit et parle en somme partout ». Mais il ne s’agit pas là de traits fossilisés, car il garde encore aujourd’hui une voix qui lui est propre, car sa vie continuelle évolue et renaît sans cesse. Et toutes les manifesta­tions et les spectacles du folklore sicilien débordent de vitalité, évoquent des traditions, des coutumes et des fêtes remontant à des milliers d’années, au temps des Elymes, des Sicanes et des Sicules, et qui sont parvenus jusqu’à nous à travers l’apport des Grecs, des Phéniciens, des Romains, des Byzantins, des Arabes, des Normands, des Suèves, des Aragonais et des Bourbons. Tout cela éveille d’emblée l’imagina­tion du spectateur, le surprenant et le fascinant à la fois. Il est bien difficile, en quittant la Sicile, d’ou­blier de telles couleurs, la beauté des costumes, la richesse ornementale des « carretti » traditionnels, le son de cet étrange petit instrument appelé « scaccia-pensieri », le contenu humain du théâtre des « pupi « , la mise en scène baroque et les passions d’une fête patronale ; il est bien difficile d’oublier tout ce qui suggère, en fait, le secret intime, la vie profonde et ancestrale de la terre sicilienne, tout ce que les générations passées confient à leurs héritiers, afin qu’ils le revalorisent et le renouvellent.


Architecture

L’église de San Giovanni degli Eremiti est un insigne exemple de l’art normand, l’un des plus pittoresques tant dans la particularité des formes que dans la vivacité des couleurs. Com­mencée en 1132 sur une initiative de Roger II, elle nous apparaît comme un édifice trapu et carré, surmonté de petites coupoles rouges en léger fer à cheval. L’intérieur, à une seule nef ,est également des plus sobres et nous permet d’accéder aux fragments restant d’un édi­fice carré qui fut probablement une mosquée. Derrière l’église, un charmant petit cloître se pare de colonnes jumelées surmontées de petits arcs : nous pouvons l’admirer sur la photo du haut et sur la grande planche suivante. Un magnifique jardin, où fleurissent des jasmins, des orangers et des mimosas, contribue également a son charme.


MONREALE

C’est une jolie petite ville qui s’étend sur les pentes du mont Caputo, à huit kilomètres seulement de Palerme. Sa cathédrale et le Cloître contigu restent l’un des témoignages les plus grandioses de l’art normand.
La Cathédrale, née sous l’égide de Guillaume II qui fit commencer les travaux en 1174, a gardé intacte jusqu’à nos jours toute sa splendeur. La façade présente un portique du XVIIIe siècle à trois arcs, surmonté d’une balustrade et compris entre deux tours carrées ; les battants de bronze du porche en ogive sont de Bonanno Pisano (1186) ; ils illustrent des scènes bibliques, en relief ; l’intérieur nous offre un spectacle majestueux et envoûtant : les murs sont presque entièrement recouverts de splendides mosaïques ; les poutres du plafond sont toutes peintes et le sol est fait de porphyre et de granit. Les mosaïques, qui revêtent une superficie de plus de 6000 mètres carrés, furent réalisées entre la fin du XIIe siècle et le milieu du XIIIe siècle : elles illustrent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans la cuvette de l’abside centrale apparaît l’effigie du Dieu Tout-Puissant, s’inspirant de celle de Cefalü. Notons aussi la grande valeur du maître-autel en argent et en bronze, œuvre de Valadier (1771), le trésor, riche d’une grande quantité de reliques, et, dans la chapelle de Saint Benoît, une « Gloire de Saint Benoît », d’Ignazio Marabitti, de 1776.
Des terrasses de la Cathédrale, où l’on accède par une porte située au début de la nef de droite, l’on peut contempler toute la Conca d’Oro. Le Cloître se trouve sur la droite de la Cathédrale et remonte lui aussi au XIIe siècle. De forme carrée (il mesure 47 mètres de côté), il comporte des arcades en ogive soutenues par 228 colonnes jumelées ornées de mosaïques ou sculptées. Une beauté délicate et un sentiment de douce poésie émanent du Cloître.


source : LA SICILE et ses trésors d’art, editions Plurigraf, 1984 (edition italienne)

Portfolio

folklore 1 folklore 2 église de San Giovanni Monreale Vue aérienne de Monreale