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Au hasard des registres - chroniques du temps passé - Saint-Sauveur Lendelin


anonyme


CHRONIQUE DU TEMPS PASSE
(Paroisse de Saint-Sauveur Lendelin)
Dans les registres paroissiaux des années 1777 à 1787, en fin de chaque année ont été relatés par le clergé quelques épisodes marquants.

EVENEMENTS de l’année 1777
En cette année régna une grande sécheresse qui commença le dix d’aoust jusqu’au (x) environs du jour de St Denis neuf octobre cependant l’eau qui tomba depuis jusqu’à la fin de l’année ne peut pas être ditte l’avoir interrompue puisque les Moulins de St Sauveur n’avaient point encore assez d’eau pour moudre après les fêtes de Noêl et que les Moulins de la Côtte envoyent encore leurs grains faire moudre après la St André. L’été fut le plus beau qu’on eut vu depuis longtemps, la santé des paroissiens se conserva dans le meilleur état qu’elle eut été depuis plusieurs années : en cette année fut peinte et dorée la contre table de l’église de St Sauveur par Mre Lallemand peintre et doreur de la ville de Carentan aux frais seuls de Mre Vitel curé des trois portions royalles de St Sauveur Lendelin.

EVENEMENTS de l’année 1778
En cette année courut une grande sécheresse depuis le mois de May jusqu’au mois de 9nbre qui fit que les orges ne purent croitre ce qui rendit la paille de cette espèce rare et cherre et le prix monta jusqu’à ( …. Pas dit)… Le prix du froment fut depuis 24L à 30L la somme de cinq boisseaux. Elle fut abondante en cidre et on conta valloir plus de 80000L de profit que cette denrée aporta dans la paroisse.
Le 27 Juillet se donna un combat naval entre les français et les anglais à la hauteur de ouessans amiraux le duc de Chartres commandant Mr le Conte d’Orvilliers pour les français de Keppel pour les anglais qui furent battus par les français.
On fit encore sur eux beaucoup de prises de notre marinne supérieure à la leur.
EVENEMENTS de l’année 1780 (rien de noté pour 1779)
En cette année continua la sécheresse de l’année précédente : la récolte fut très bonne. Le Bled (d°) ne passa pas point cent sols le boisseau. Le cidre fut fort cher et alla jusqu’à dix sept pistoles le tonneau.
Ce fut en cette année que la grande route de coutances à périers fut tracée sur la paroisse et fut rendue praticable jusqu’au chemin du Cônet martin à la petite Coterie.
La Guerre continuait encore entre les mêmes nations, Scavoir : les français et les espagnols d’un côté, et les anglais de l’autre. Il n’y eut aucun événement remarquable dans cette année touchant cette guerre sinon la prise de sainte Eustache par les anglais sur les hollandais auxquels ces premiers déclarent la guerre dans le mois de décembre dans la présente année et firent de grandes et riches prises sur eux.

EVENEMENTS de l’année 1781
En cette année continuait encore la guerre entre les français et les espagnols et les provinces unies d’amérique d’une part et les anglais de l’autre. La fortune fut plus favorable en cette année que dans les autres au(x) francois qui enlevèrent aux anglois l’ile de Tabago, battirent leur flotte en deux rencontres :
1er à la hauteur de la martinique le 16 aoust ; 2ème le 5 de septembre dans la baie de Chesebi.. sous le commandemant de Mr de Grace lieutenant général des armées navalles de sa majesté, et aux espagnols qui enlevèrent aussi aux anglais l’ile Ste Rose et une très grande étendue de terrain dans la louisiane en amérique et l’ile monorghe port mahon dans la méditerranée. Le fort St Philippe de cette ile n’était point encore rendu au moment que j’écrivois ces choses-ci.
L’armée combinée des américains et des françois commandée par Mr Waginton américain et de Rocheanbru (un peu difficile à lire…) et de la fayette prirent notamment les villes d’York et de Charleston sur le anglois en amérique : événements qui hmililèrent beaucoup l’orgueil britannique, de longtemps l’angleterre ne s’était vue si hau que dans cette année… on parla de paix mais on ne l’a fit pas.
Heureuse dans la guerre qu’elle portait si loin de son centre la France le fut encore davantage par le présent que lui fit le 22 d’8bre la divine providence, en ce jour d’après midi la femme de son roy mit un dauphin au monde. La joye fut universelle et les françois firent sentir combien ils aimaient le père à la réception qu’ils firent au fils. Peut-être depuis la fondation de l’empire aucun dauphin ne fut si bien accueilli, il fut nommé Louis Xavier Joseph : voici deux compliments que les dames de la halle de paris adressèrent à l’occasion de la naissance de Monseigneur le Dauphin, au Roi et à la Reyne.
=Compliments adressés pas les dames de la halle de paris au Roi et à la Reyne pour la naissance de Monseigneur le Dauphin (le 22 d’8bre 1781).
* au Roi
Sire
Si le ciel devoit un fils à un roy qui regarde son peuple comme sa famille,
Nous prières et nos vœux le demandent depuis longtemps ils sont enfin exaucés .
Nous voilà surs que nos enfants seront aussi heureux que nous : car cet enfant doit vous ressembler. Vous lui apprendrez, Sire, à être bon et juste comme vous nous vous chargerons d’apprendre aux notres comme il faut aimer et respecter son roi.
* à la Reine
Madame,
Toute la France a déjà témoigné à votre majesté sa joye si vive et si vraie de la naissance de Monseigneur le Dauphin nous avons fait relater nos transports : avec tout l’amour que nous avons pour vous ; il nous est permis aujourd’hui de porter aux pieds de votre majesté les expressions de nos cœurs : ce droit là nous est plus cher que la vie ; il y a si longtemps, Madame, que nous vous aimons sans oser vous le dire que nous avons besoin de tout notre respect pour ne pas abuser de la permission de vous l’exprimer. .
· à Monseigneur le Dauphin
Monseigneur
Nos Cœurs vous attendaient depuis longtemps, ils étaient à vous avant votre naissance, vous ne pouvez entendre encore les vœux que nous faisons autour de votre berceau ; on vous les expliquera quelque jour, ils se réduisent tous à voir en vous l’image de ceux de qui vous tenez la vie.
En cette année furent supprimées les fêtes de Saint André, de Saint Jean l’évangéliste, Saint Philippe et de Saint Jacques, le mardi de pentecôte.
La Saint Lô remise au dimanche le plus proche ainsi que la fête de chaque patron.
Suppression qui ne plut guère aux bons Buveurs de ce temps là, qui, l’année ayant été abondante en cidre, et voyoient privés d’autant de jours de débauches, leurs femmes en bénirent le ciel et disaient que Monseigneur avait en cela coupé pied à bien du mal.
La récolte fut assez abondante, et le sac de bled était pour l’ordinaire à vingt cinq livres. Le cidre alla à soixante dix livres le tonneau diminution grande par rapport à l’année précédente où il avoit monté jusqu’à cent soixante et dix livres.

EVENEMENTS de l’année 1782
L’hiver en cette année fut changé de place : avril se trouva en février et janvier en avril. Le froid ne commença que le quinze de mars et continuoit encore à la pentecôte. Les herbes très avancées dans le mois de février furent beaucoup retardées par le froid inattendu dans la saison où il arriva. Les bestiaux souffrirent beaucoup par la disette du fourrage qui devint si rare qu’à peine on en pouvait trouver pour son argent. On ne peut ensemencer l’orge qu’à la mi-mai et les arbres n’ouvrirent qu’à la fin de ce mois ; la quantité de grains qu’on transporta dans les colonies en augmenta beaucoup le prix et fit monter le sac jusqu’à trende deux livres. Les françois se rendirent maitres en cette année des iles Saint Eustache, Saint Christophe démérary et Essequibo et Barbues le fort Saint Philippe fut pris le 31 de janvier de la ditte année.
Le Pape Pie VI fit en cette année un voyage à Vienne chez l’empereur Joseph second : sa Sainteté y vit le respect que l’on portait au chef de l’église et au père commun des chrétiens dans l’affluence immense du monde qui venoient de tous côtés recevoir sa bénédiction. On en compte en un jour plus de 40000.
En cette année courut une maladie épidémique des plus contagieuses. C’était une espèce de fluxion de poitrine ou pleurésie qui commençoit par un frisson qui duroit deux ou trois heures, après suivait la fièvre chaude : aussitôt vous étiez pris d’une pointe de côté qui se faisait sentir vers le sein gauche ; cette pointe serrait violemment quelques uns et d’autres soins pendant trois ou quatre jours au bout desquels elle cessait, symtome funeste, puisque c’était la veille de la mort.
On se croyait à la veille de guérir et le lendemain on était dans son éternité. Elle emportait en cinq ou six jours et ne manquait presque personne. Depuis le commencement d’avril jusqu’à la fin de juin elle nous en enleva près de 70. Elle brava toute la médecine, et ceux auxquels on appelait , les médecins étaient ceux qui partoient le plus vite ; au commencement les médecins de périers et de Coutances attribuant le cause du mal à une abondance de matières séjournantes dans l’esthomach et les premières voies employèrent l’émétique en lavage ou lapicacuana, tous ceux qui furent traités de la sorte moururent. Les vésicatoires sur les jambes n’étaient point capables de détourner l’humeur mortifère à le fin cependant on y réussit en mettant les vésicatoires sur l’endroit du côté où se faisoit sentir la pointe. L’espèce de vésicatoire qui avait le plus de force pour enlever l’humeur c’étoit celui qu’on composoit avec deux onces de poivre blanc et de trois gros de scéné en poudre. On déliait le tout dans quatre blancs d’œuf après les avoir battus jusqu’à ce qu’ils fussent réduits en broué, il ne fallait point manger du tout principalement pendant les premiers jours ni boire de cidre pour toute boisson la tisane faite avec des fleurs pectorales et du ciro de viole, du bouillon de poulet ou de veau.
Ce bouillon devait être très léger et on devait prendre de deux heures en deux heures une cuillerée de lcc ( ?) blanc pour faciliter l’expectoration.
La guerre dont nous avons parlé aux années ci-devant cotinuoit encore et nous y eûmes un bien mauvais échec le 12 avril dans les parages de la Martinique en Amérique. Notre flotte commandée par Mr de Grasse fut battue par celle des Anglois et nous perdîmes 7 vaisseaux…L’Amiral fut pris. Les Anglois malgré leur victoire ne tentèrent rien sur nos colonies et le reste de l’année se passa sans autres combats excepté que nous eumes une victoire aux indes sur eux dans un combat de Mer.
On parla de paix, mais on ne la fit point.

EVENEMENTS de l’année 1785
Ce fut en cette année le 25 juin que fut terminée la grande contestation qui existait depuis trois ans entre sa majesté et le duc de Chartres au sujet de la présentation de la grande cure de cette paroisse. L’affaire portée au grand conseil (tribunal auquel ressortiront dorénavant toutes causes de cette espèce) fut jugée en faveur de Mre Claude adrien tristan Brission licencié de Lois grand vicaire de douville de ce diocèse et ce fut sur la déclaration du Roy de 1713 y recours que la présentation du roy l’emporta sur celle du duc de Chartres qui par cet arrêt perdit les cures des domaines de St Sauveur Lendelin, de St Sauveur le Vicomte, de Vallognes et de Coutances. Toutes lesquelles cures sont renrées entre les mains de sa majesté et seront dorénavant à nomination royalle.

EVENEMENTS de l’année 1786
La récolte de l’année dernière quoique modique d’un tiers vis avis des années précédentes produisit néanmoins plus de grain que les plus fortes années et la somme de froment ne passa pas 28 Livres ce qui trompa beaucoup le cultivateur qui ayant eu son tas très petit attendoit une chérete.
Les pommiers annoncèrent dans les mois d’avril et de mai la plus grande abondance de pommes et déjà nos bons buveurs se faisoient fête du jus de la pomme qu’annonçoient ses belles fleurs mais ils furent fort surpris lorsque dans le mois de juin un envoi de chenilles vint infester les pommiers et fit périr tous leurs fruits naissants ce qui fit augmenter considérablement le cidre ; il alla jusqu’à 25 pistoles on en vendit même 100 écus le cidre se vendoit 12 sols le pot.
Dès le 15 octobre l’hiver commença par une gelée qui dura 15 jours.
La grande routte fut poussée depuis le bas bourg jusqu’au péti.
Cette année sera remarquable dans la suitte des siècles surtout en normandie par le voyage de sa majesté Louis seize à Cherbourg qui à la Saint Jean eu le bonheur de voir le roy appellé Louis le bienfaisant qui entreprit ce voyage pour visiter les môles qu’on continuait de lancer à l’eau (voyez les événements de 1784) pour construire le bassin que sa majesté jugeait nécessaire dans cet endroit de la manche pour mettre à couvert des insultes des ennemis et des mauvais temps les flottes qu’on destinait pour la manche qui jusqu’à ce temps n’avaient pu trouver de sureté dans cette mer. Il est incroyable la multitude qui s’assembla de toutes parts de la France occidentale pour voir son roy dans ce voyage pendant les trois jours qu’il demeura dans cette ville pour faire la visite des ouvrages. On y compta plus de quarante mille étrangers ce qui enrichit beaucoup Cherbourg fit bien jurer les postillons et maigrir les cheveaux de poste jusque de Rennes en Bretaignes ils passoient par le bourg de cette paroisse par troupes de trente à quarante pour être employés aux voitures de sa majesté.
Le cotentin n’avait point vu de roy sur son continent depuis les roys d’Angleterre faisants la guerre à la France aussi reçut-il bien son roy dans cette visitte et marqua par ses acclamations et ses vive le roy la joie dont son cœur était pénétré à la vue de son monarque. Le roy n’y fut pas insensible il n’avait pas encore connu d’une manière si claire comme il l’apprit là combien les françois aiment leurs roys il y eut tant de plaisir et fut si content de la réceptioin qu’on lui avait faitte qu’il promit d’y revenir, nous l’attendons.
Le reste pour l’histoire.

EVENEMENTS de l’année 1787
En cette année la disette du cidre le porta à un prix où on ne l’avait jamais vu. Le tonneau vallu jusqu’à 35, 38 et 40 pistoles ; en échange le bled diminua beaucoup le froment descendit jusqu’à 18 francs la saume et l’orge à neuf francs ce qui fit qu’on commença dans le pays à brazer de la bière. L’eau-devie à laquelle se donnèrent nos buveurs faut de cidre en fit mourir une grande quantité.
Il régna une maladie (appelée fièvre maligne putride) qui fut beaucoup meurtrière surtout pour le jeux sexe elle ne tuoit que depuis le 27 à 30ième jour du mal ordinairement en réchappèrent ceux qui avoient soin de boire beaucoup d’eau et n’appellèrent point les médecins.
La grande route de coutances à périers fut poussée jusques sur la rivière de vaudrimesnil et laisse aux voyageurs l’espérance de la voir finie l’année qui vient.
Nous leur dirons au bout de cette année ce qui en aura été fait.