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PERRÉE du Hamel, Jean (1659-1737)


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 contribution de Jocelyne NICOL-QUILLIVIC [1]


"Dictionnaire des capitaines et corsaires granvillais"
Anne CAHIERRE
pages 326 - 331


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A) Paris, Arch. nat. : Ancien régime G5263 f. 96, 423, 495 et 6l5, G5265.- Vincennes, SHD : TH36, martin-Deidier (A.), La guerre de course à Saint-Malo.- Brest, SHD : sous-série 1P.- Cherbourg, SHD : 12P31 f. 7, 12P311 f. 3, 12P324 f. 1.- Brest, arch. dép. Finistère1 : B4l62, B4203 (vente de l’Aventure, prise du Claude).-Rennes. arch. dép. Ille-et-Vilaine : 9B384 f. 81, 9B390 f. 108 et 131, 9B392 f. 98v, 9B396 f. 92v, 9B4101 f.40v, 9B403 f. 20, 9B4351, 9B458 f. 40v, 9B460 f. 22v, 9B46l f. 39 et 74, 9B463 f. 72, 9B465 f. 16, 9B471 f.9,9B472f. 107,9B473f.20v et 99v,9B478f. ll,9B479f. llv et 103, 9B480 f. 188, 9B515f. 13v, 9B519 f. 100, 9B521 f. 43v, 9B6082, 9B6152 Granville, arch. mun. : BMS.

C) 1AMQ, p. CI- la Passardière (F. de), Documents pour servir à l’histoire des corsaires de Granville, p. 8.- LMHG, p. 133-134.- MOREL (A.), La guerre de course à Saint-Malo de 1681 à 1715.- NSM n°886.

Né à Granville le 28 septembre 1659, fils de Jacques, armateur, et de Marie Delarue.

Marié à Granville le 17 janvier 1682 à Jeanne de Lalun.

Décédé le 21 mars 1737 à Granville.

Liens corsaires : beau-frère de Jean Pigeon de Launay ; beau-père de François Raciquot ; oncle de Pierre-François Baillon des Prairies.

Activités corsaires :

LA : Saint-Malo, 1690, capitaine de l’Union (Gm) ; Saint-Malo, 1693, capitaine du Claude (Gm) ; Saint-Malo, 1694, capitaine du Claude (Gm), Granville, printemps 1695, capitaine du Jeune-Homme (5e course connue) ; Granville, juillet-octobre (?) 1695, capitaine du Jeune-Homme (6e course connue) ; Granville, fin 1695-début 1696, capitaine du Jeune-Homme (7e course connue) ; Granville, 2eme semestre 1696, capitaine du Jeune-Homme (8eme course connue) ; Granville, l697, capitaine du Jeune-Homme (9e course connue).

SE : Saint-Malo, 1702-1703, capitaine du Fortuné ; Saint-Malo. 1703-1704, capitaine de la Bonne-Aventure (Gm) ; Granville, 1705, capitaine du Jean-de-Grâce (Gm) ; Granville, juillet-novembre 1706, capitaine de l’Hirondelle ; Granville, 1708, capitaine du Marquis-de-La-Ferrière(Gm.) ; Granville, 1709, capitaine de la Sirène(Gm) ; Granville, 1712, ca­pitaine de la Paix (Gm).

Pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, Jean Perrée du Hamel obtient le 29 mars 1690 une commission en guerre et marchandises pour commander l’Union (300 tonneaux), de Saint-Malo, et la conduire à Terre-Neuve.

En 1693, pour le commandement du Claude (160 tonneaux, 16 canons, 69 hommes), armé à Saint-Malo par le granvillais François Baillon de Blancpignon, il obtient aussi commission en guerre et marchandises datée du 2 avril 1693. Proba­blement peu après son départ vers Terre-Neuve, il fait une prise. l’Aventure2, de Bristol, amenée à Morlaix. La décharge de la morue a lieu à Marseille où on em­barque diverses marchandises. Le Claude fait ensuite relâche à Nantes où il arrive le 7 février 1694, et y fait provision de sel et de vin. Avant d’arriver à Saint-Malo, qu’il atteint le 12 mars, le terre-neuvier granvillais est victime de sévères voies d’eau qui oblige à pomper sans relâche pendant cinq jours et à jeter à la mer une partie de son sel.

Le 2 mai 1694 débute une seconde campagne du Claude qui sort ce jour là de Saint-Malo sous escorte, avec la flotte formée par les nombreux morutiers en partance vers Terre-Neuve. Arrivé à son lieu de pêche le 25 juin, il en ressort le 8 octobre pour regagner Marseille. Le 7 novembre, vers minuit, à l’embouchure du détroit de Gibraltar, il rencontre un navire anglais armé de dix-huit canons « louvoyant pour embouquer ». Après s’être observés jusqu’au lever du jour les deux navires engagent le combat qui se poursuit jusqu’à 4 heures de l’après-midi. Survient alors un autre bâtiment ennemi armé de vingt-six canons, le Castel-Noveu, qui se joint au premier et envoie sa volée de canons. La lutte, devenue très inégale, tourne mal pour le Claude, en partie dégradé et dont l’équipage est touché, avec un tué et plusieurs blessés. Le capitaine Perrée du Hamel est obligé de donner l’ordre de se rendre. Il est alors conduit par les Anglais à Cadix, où il rencontre son compatriote Jacques Couraye du Parc*, capitaine du Saint-Jean-l’Évangéliste, qui, lui aussi, a été pris quelque temps auparavant par le même Castel-Noveu.

Au printemps 1695, Jean Perrée du Hamel prend le commandement de l’un des plus fameux corsaires granvillais, le Jeune-Homme (150 tonneaux. 14 canons), armé à Granville par Jean-François Lévesque de Beaubriand. Il succède ainsi au fils de l’armateur, André Lévesque de la Souctière*, à Jean Baillon du Teil* et à Jean Doublet*, de Honfleur, qui ont l’un après l’autre très glorieusement conduit le navire depuis 1691. Il se révèle aussi efficace que ses prédécesseurs et fait de nombreuses captures au cours de plusieurs croisières. Pendant la première, le corsaire s’empare du Cerf-Volant, amené à La Rochelle où le jugement de bonne prise a lieu le 20 avril. De nouveau armé à Granville en juillet de cette même année 1695, le Jeune-Homme sort du port le 22 de ce mois. Dès le lendemain, croisant le long des côtes anglaises, il aperçoit vers 4 heures de l’après-midi un vaisseau portant pavillon anglais. Après une poursuite de sept heures et un échange d’artillerie, il parvient à l’aborder et à l’arraisonner. La prise, nommée le Marchand-de-Valence (150 ton­neaux), chargée de raisins de Corinthe à destination de Londres, est conduite par Nicolas Baillon de la Commune*, et escortée par le Jeune-Homme jusqu’à Saint-Malo. Le corsaire granvillais appareille du port breton le 8 août, et réussit quelques jours plus tard la prise du Derby, amené à Saint-Malo le 26 août. Le Cygne, brigantin de quarante-cinq tonneaux transportant d’Antigua (Antilles) à Londres du sucre, du tabac et du gingembre est pris le 16 septembre et amené par le lieutenant Jean Pigeon de Launay à Roscoff, puis à Morlaix. Après avoir rejoint le Jeune-Homme, ce même officier est nommé capitaine d’une nouvelle prise, la Sacrée-Famille. Il la conduit à Granville le 7 octobre, où le jugement de bonne prise a lieu 26 février 1696. Le 4 janvier 1696, le Jeune-Homme prend le Gilbert-Ester, de Londres, puis, le 26 du même mois, l’Élizabeth-Marie, capturée en compagnie de frégate du roi la Mutine. Un jugement du 16 juin de l’amirauté de Brest adjuge la prise proportionnellement à la force des équipages et au nombre des canons de chacun des navires capteurs.

Perrée du Hamel obtient pour le Jeune-Homme une nouvelle commission en guerre enregistrée à Granville le 11 août 1696. Au début d’octobre 1696, une prise est conduite à Port-Louis. Dans son rapport de mer, au retour de la campagne. Jean du Hamel ne donne pas le nom du bâtiment ennemi. Sans doute s’agit-il Brig[..?](nom illisible), flûte anglaise de cent cinquante tonneaux dont on sait qu’elle fut arraisonnée par le Jeune-Homme avant novembre 1696. Après avoir fait relâche à Port-Louis, le Jeune-Homme appareille le 13 octobre pour continuer sa course pendant laquelle il réussit trois autres prises : le Cheval-Marin (130 tonneaux), de Bristol, allant à Antigua (Antilles) chargé de marchandises « pour la troque », capturé le 19 octobre après un violent affrontement et conduit à Morlaix : au cours de l’action, deux hommes du corsaire granvillais sont gravement blessés (l’un d’entre eux meurt à bord le 12 novembre). Le Commencement, de Bristol, pris à la suite d’un combat au large d’Ouessant, est envoyé lui aussi le 20 octobre à Morlaix, sous le commandement de Charles Hugon du Tertre* ; il est déclaré de bonne prise par un jugement de l’amirauté de Morlaix du 29 novembre. Enfin, le 5 novembre, un navire de Londres dont on ignore le nom. qui vient des Barbades chargé de sucre, arraisonné à dix-huit lieues à l’ouest des Sorlingues, est conduit à Saint-Malo ; malheureusement, la prise touche « à l’entrée du Décollé » (chenal du Décollé, Ille-et-Vilaine) ; son gouvernail cassé, elle reste au mouillage dans la rade des Ebihens (Côtes-d’Armor) pour être remise en état. Quant au Jeune-Homme, il arrive le 13 novembre à Saint-Malo, où il fait relâche pour se faire espalmer3 et se remettre lui aussi en état de reprendre une nouvelle campagne de course.

Le 9 juin 1697, le Jeune-Homme toujours commandé par Jean Perrée du Hamel, engage un combat avec un navire flessinguais, le Walcheren, armé en course suivant une commission signée du prince d’Orange. Ce vaisseau, qui vient des îles Saint-Eustache chargé de sucre, d’indigo et de coton, finit par se rendre. Il est conduit à Morlaix où un jugement de bonne prise est rendu le 4 juillet 1697. Le 6 juillet, par 51° de latitude, à dix lieues au large des côtes d’Irlande, le Jeune-Homme et la Marie, de Saint-Malo, prennent ensemble l’Agnès, de Bristol et le François-Marie, de Londres, revenant de Virginie chargés de tabac. Après avoir fait relâche à Morlaix, le Jeune-Homme en ressort le 21 juillet pour continuer la course. Trois jours plus tard, le 24 juillet 1697, en compagnie d’un autre navire malouin, le Conté-de-Jessé,

il chasse le long des côtes d’Irlande, à cinq lieues de Kinsale (Irlande). Au début de la matinée, les deux corsaires aperçoivent un petit vaisseau qu’ils poursuivent pendant quatre heures sous pavillon anglais, ruse tout à fait admise par les règle­ments en vigueur. À midi, réussissant à rejoindre le bâtiment étranger, ils changent de pavillon et arborent celui de France, avant de tirer le canon. La salve d’artillerie fait céder l’ennemi. C’est une galère de Londres nommée le Guillaume, dont le commandant propose une rançon, acceptée pour deux mille quatre cents livres. Dans la matinée du 5 août, à soixante lieues du cap Clare, Jean Perrée du Hamel aperçoit un vaisseau portant pavillon français à la poursuite d’un autre bâtiment portant pavillon anglais. Il arrive sur les lieux et reconnaît dans le premier le Succès, de Saint-Malo. Le Jeune-Homme, mieux armé que le corsaire malouin, chasse seul l’Anglais, qui est rejoint et ne cède qu’après une heure de combat. Les deux cor­saires français amarinent ensemble le navire ennemi, nommé l’Espion (80 tonneaux, 12 canons). La prise, avec sa cargaison de vin, est confiée à Jean Ganne, second lieutenant du Jeune-Homme, assisté d’un officier du Succès. Continuant leur route ensemble, le Jeune-Homme et le Succès font le 9 août, par 49° de latitude, une prise importante, le Dowhamyard (300 tonneaux), de Londres, chargé de sucre, de coton et d’autres marchandises, le tout embarqué à la Barbade à destination de Londres.

C’est donc au moins dix-sept prises que l’on peut compter à l’actif du Jeune-Homme pendant les deux années de course sous le commandement de Jean Perrée du Hamel. Malgré la signature du traité de Ryswick, qui à l’automne précédent, a mis fin à la guerre, Jean Perrée du Hamel obtient une commission en guerre et marchandises enregistrée à Saint-Malo le 22 février 1698 pour le commandement de la Marie (300 tonneaux), armée par Dumorier des Vaux. La commission précise que le capitaine doit mener son navire à la côte de Chapeau-Rouge (Terre-Neuve) « pour trafiquer et, en ce faisant, faire la guerre aux ennemis de l’État, à tous corsaires, pirates, gens sans aveu et autres qui voudront empêcher la liberté du commerce ». Mais, cette campagne effectuée en temps de paix ne peut être considérée comme corsaire4.

Le 1er mai 1700, Jean Perrée fait voile de Saint-Malo vers le Petit-Nord (Terre-Neuve) aux commandes du Saint-Aaron, armé dans le port breton par Jean-François Lévesque. La pêche se fait au havre de la Conche jusqu’en septembre, date du dé­part vers Marseille. Après la décharge de la morue et la recharge d’huile, de savons et autres marchandises, le Saint-Aaron remonte le 5 décembre vers l’Atlantique et la Manche. Jean Perrée quitte son navire lors d’une relâche à Nantes, laissant son commandement à son second, Nicolas Baillon de la Commune*.

Les menaces d’une nouvelle guerre se faisant de plus en plus pressantes, Jean Perrée sollicite une nouvelle fois une commission en guerre et marchandises pour le com­mandement du Fortuné (200 tonneaux, 20 canons, 82 hommes) de Saint-Malo. La commission est enregistrée à Saint-Malo le 3 mai 1701. Le même jour, l’armateur Lévesque dépose la caution de quinze mille livres. Le Fortuné sort de Saint-Malo le 12 mai et jette l’ancre au havre des Poins5 au Petit-Nord où le terre-neuvier s’établit pour pêcher. Malgré des attaques anglaises, la campagne de pêche se déroule calmement jusqu’au 19 octobre, ainsi que le voyage vers Marseille où il arrive le 26 novembre, puis la remontée vers Le Havre et enfin Saint-Malo qu’il atteint le 1er avril 1702.

Le 13 mai 1702, la France entre dans un nouveau conflit, la guerre de Succession d’Espagne. Deux mois et demi plus tard, le 27 juillet, Jean Perrée du Hamel obtient une commission en guerre pour le Fortuné. Armé exclusivement pour la course, l’ancien morutier jauge toujours deux cents tonneaux, mais il porte deux canons et une quarantaine d’hommes en plus. Il appareille de Saint-Malo le 29, pour aller croiser le long des côtes d’Irlande. Le 16 août, en compagnie d’un corsaire malouin, la Marguerite, il prend un navire anglais, le Jean (80 tonneaux), chargé de sucre et de coton, qu’il conduit à Port-Louis. Le 4 septembre, avec la Jeune-Veuve, autre na­vire malouin, il capture un vaisseau anglais et sa cargaison de charbon. Le 22 du même mois, il est alors seul quand il s’empare d’un autre vaisseau anglais venant de Virginie chargé de tabac. La prise est envoyée vers Saint-Malo sous la conduite de Jean Hugon6, avec quatre hommes de l’équipage du Fortuné et cinq anglais. Enfin, le mercredi 27 septembre, il amarine un troisième navire ennemi, de Londres, d’environ cinquante tonneaux, qui vient de Guinée chargé de bois de Brésil. La prise est envoyée en France sous la conduite de Charles Hugon du Tertre* et de six hommes d’équipage. Deux de ces trois dernières prises se nomment le François et le Samuel-Henry. Les vivres venant à manquer, le Fortuné revient le 3 octobre en relâche à Saint-Malo, et en ressort le 28 pour continuer sa course. Le 22 novembre, à l’ouest des Sorlingues, il reprend un morutier français, l’Hercule, « d’Aulonne » (Olonne-sur-mer (?), Charente-maritime), pris le 4 novembre sur le Grand Banc de Terre-Neuve par le corsaire anglais l’Assistance, et qui est en route vers l’Angleterre avec un équipage de dix hommes. Jacques Leroy, nommé capitaine de la prise, la conduit jusqu’à Perros. Le 6 décembre, à dix lieues des Sorlingues, le Fortuné s’em­pare de l’Essex (30 tonneaux environ), de Londres, venant de la Jamaïque, qui arrive à Saint-Malo le 11 décembre, escorté par son vainqueur. Après une nouvelle relâche de quelques semaines, le Fortuné fait voile le 13 janvier 1703 pour croiser du coté du cap de Clare. À vingt-cinq lieues à l’ouest/sud-ouest des Sorlingues, une forte tempête oblige le capitaine Perrée du Hamel à faire jeter à la mer six pièces de canons et cinq affûts. Dix jours plus tard, le corsaire entre à Saint-Malo sans avoir fait aucune rencontre.

En 1703, Jean Perrée du Hamel sollicite une commission en guerre et marchandises pour commander la Bonne-Aventure (350 tonneaux, 24 canons, 135 hommes), envoyée au Petit-Nord par les frères Lévesque. La commission est enregistrée le 4 avril à Paimbœuf où a lieu l’armement, et d’où la Bonne-Aventure appareille le 14 mai pour rejoindre le havre de Carouche (Cap Rouge, Petit-Nord). Le voyage jusqu’à Marseille dure du 28 septembre au 21 novembre. Après avoir déchargé la morue et rechargé de l’huile et autres marchandises destinées au Havre, le morutier quitte Marseille le 5 février 1704 et arrive dans le port normand le 18 mars. Mais au moment d’appareiller, il reçoit l’ordre de différer sa sortie et il est réquisitionné pour charger des cordages pour les vaisseaux du roi. Le travail est achevé le 7 mai. Il peut alors reprendre la direction de Saint-Malo où il entre avec la flotte le 16 mai, après avoir fait relâche à La Hougue et à Cherbourg.

En 1705, il revient à Granville commander un autre navire que les frères Lévesque ont hérité de leur père, le Jean-de-Grâce (180 tonneaux), armé en guerre et mar­chandises. L’année suivante, il mène l’Hirondelle (80 tonneaux, 16 canons), qui vient de terminer une première course sous le commandement de Jacques Jourdan de Grandclos*, et que l’armateur granvillais Montbreton du Prat arme pour une nou­velle croisière. Cinq prises sont à mettre à l’actif de l’Hirondelle : le 31 juillet 1706, un navire anglais, la Suzanne (90 tonneaux) ; le 7 septembre, la Jeannette (45 ton­neaux), de Cork ; le 13 novembre, après une relâche à Saint-Malo en octobre, l’Hi­rondelle se rend maître, à quarante lieues à l’ouest des Sorlingues, d’un vaisseau anglais nommé la Tulipe (80 tonneaux), chargé de tabac de Virginie. Le capitaine Perrée demande à son fils, Nicolas, officier de son état-major, de conduire la prise avec sept hommes d’équipage et de suivre l’Hirondelle qui va l’escorter. Deux jours plus tard, le 15 novembre, le corsaire granvillais et sa prise rencontrent trois vaisseaux anglais, qui réussissent à reprendre la Tulipe. Continuant seule sa course, l’Hirondelle se trouve, à environ douze ou treize lieues des Sept îles (Côtes-d’Armor), face à une flotte de dix bateaux marchands anglais escortés d’un navire de guerre de quarante canons. Jean Perrée du Hamel décide de donner chasse à l’un d’eux qui s’est écarté, et le rejoint vers 3 heures de l’après-midi. Trois coups de canons et l’ordre d’amener son pavillon décident l’adversaire à obéir sans opposer de résis­tance. C’est une flûte hollandaise d’Amsterdam, venant de Lisbonne, chargée de sel et qui, curieusement, porte le même nom que la prise précédente, la Tulipe 50 tonneaux). Le 18 novembre, à l’ouest d’Ouessant et en compagnie du Duc-du-Maine, de Saint-Malo, l’Hirondelle fait une nouvelle prise, le Marquis-de-Vandveere (300 tonneaux). Le 19, l’Hirondelle rentre à Saint-Malo, accompagnée de la Tulipe. Après cette relâche, l’Hirondelle repart pour une nouvelle croisière, mais elle est à son tour capturée par l’ennemi. On ne connaît ni la date, ni les cir­constances de sa prise. Jean Perrée est prisonnier en Angleterre et rentre à Granville en août 1707.

En 1708 il est capitaine du Marquis-de-la-Ferrière (160 tonneaux, 16 canons) qu’il mène au Petit-Nord et à Terre Neuve avec un simple « congé ordinaire » daté du 31 mars, mais en 1709, le nouveau bâtiment qu’il commande, la Sirène (120 tonneaux, 12 canons), est armé à Granville en guerre et marchandises par Thomas Fraslin du Montcel.

En 1712, il conduit la Paix (160 tonneaux, 12 canons, 55 hommes), « construit, grayé et équipé » à Granville par Nicolas Hugon des Demaines*. Le 9 mars, il fait voile vers Saint-Malo où il relâche trois semaines pour y prendre son sel et compléter son équipement. Sorti en compagnie de quatre autres navires, il en est séparé par quatre bâtiments ennemis qui les chassent et se retrouve seul pour continuer sa route. Le 2 avril, à la pointe du jour, à quinze lieues des Sorlingues, il aperçoit un navire éloigné d’à peine une demi-lieue qui le poursuit et l’approche dangereuse­ment. La Paix essaie de se défendre en envoyant deux volées de canons, mais constatant qu’il ne peut résister à la force dominante de l’ennemi, un navire de Flessingue, le Vanderlanhawt, Jean Perrée du Hamel donne l’ordre de se rendre. Il est d’abord transporté avec la plus grande partie de son équipage sur le flessinguais, mais le même jour est renvoyé sur la Paix investie par les Hollandais. Le 13 avril, alors que le corsaire granvillais et son capteur se dirigent vers l’Angleterre, un corsaire de Saint-Malo qui croise alors dans les parages, le Comte-de-Géraldin, commandé par Pierre-Charles de la Portbarré, réussit à reprendre le corsaire granvillais et se dirige vers la France après avoir pris à son bord le capitaine Perrée. Le malouin, chassé à son tour par deux gardes-côtes anglais, est obligé d’abandonner la Paix. Jean Perrée, débarqué au bas de la rivière de Morlaix, revient par voie de terre à Saint-Malo.

Après la guerre, Jean Perrée du Hamel commande successivement quatre terre-neuviers de Saint-Malo : l’Hirondelle (120 tonneaux), armée par Julien Girard, sieur de l’Ile Scélée pour la côte de Chapeau-Rouge (Terre-Neuve), de la fin avril à la fin octobre 1713 : le Natal (130 tonneaux), armé par Buret de la Vallée : la Comtesse-de-Pontchartrain, armée pour la Grande Baye pendant la campagne 1718-1719 : le Saint-Esprit (160-180 tonneaux, 14 canons), en 1719-1720. Il cesse ensuite toute navigation et s’occupe de ses armements.

Notes

1 IAMQ. p. 7, 9.

2 Est-ce cette Aventure qui est commandée quelques mois plus tard, en novembre 1694 par Nicolas Louvel*

3 Voir le glossaire.

4 Voir note n°3 sous la notice 84 (Jourdan de Crandclos, Jacques), p. 204.

5 Nous n’avons pas trouvé la localisation de ce havre.

6 Jean Hugon (1673- ?), fils de Denis Hugon du Canet, ou Jean Hugon de Hautmesnil (l66l-l730) ?