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énigme 86 - Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, Baronne d’Aulnoy


une énigme de Georges-André CHUQUET


Marie-Catherine Le Jumel de Barneville Aulnoy

Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, Baronne d'Aulnoy


Il était une fois(2)…, le genre allait rendre célèbre, au même titre que sa vie aventureuse (1)…, notre personnage de noblesse normande…


Un irascible, violent et méchant bébé (2 & 3)

Moins connue aujourd'hui que Charles Perrault, son contemporain, il ne faut surtout pas passer à côté de ses contes !(2)


(1) Marie Catherine Le Jumel de Barneville est née aux environs de Barneville-la-Bertran, un petit village proche de Honfleur dans une famille de noblesse normande en 1650 ou 1651. Elle est l’un des personnages les plus inquiétants et les plus contradictoires du siècle de Louis XIV. Conteuse raffinée, mais aventurière mêlée à deux reprises à une affaire de meurtre ; le 6 mars 1666, elle épousa (à contre cœur) à quinze ans, François de La Motte, baron d’Aulnoy, assez triste personnage, trois fois plus âgé qu’elle. Le baron, libertin notoire, est le protégé du duc de Vendôme. Ils eurent cinq enfants et leur mariage ne fut pas heureux. Elle tenta de s’en débarrasser avec l’aide de sa mère et de deux gentilshommes, en l’accusant de lèse-majesté. Mais le procès tourna à sa confusion et les deux gentilshommes payèrent de leur tête la fausse accusation. Ce n’est là qu’un épisode d’une vie agitée, pleine de voyages plus ou moins forcés, d’affaires louches et de retraites pieuses.

Après avoir passé une année dans un couvent, la Baronne d'Aulnoy voyage en Flandres, en Angleterre, en Espagne puis à nouveau en Angleterre… Rentrée en grâce auprès de Louis XIV, elle se fixa à Paris, fonda un salon littéraire rue St Benoit. Elle y aurait reçu des Anglais, issus des milieux de la diaspora protestante. Dans ces salons, les contes de fées furent sans doute dits ou lus avant leur publication, en 1697. Marie-Catherine meurt le 12 ou 13 janvier 1705, à son domicile rue Saint-Benoît ; elle est inhumée dans sa paroisse de Saint-Sulpice.


(2) La Baronne d'Aulnoy débuta avec éclat dans les lettres par un roman, Histoire d’Hippolyte comte de Douglas  (1690). Autres succès retentissants, ses Mémoires de la cour d’Espagne  (1690) et sa Relation du voyage en Espagne  (1691), où l’on trouve le "1er conte de fées littéraire", qui donne le coup d’envoi à la "mode des contes de fées" qui fera fureur jusqu’aux dernières années du siècle. Ces productions littéraires estimées allaient être suivies des contes qui ont assuré sa notoriété. On lui doit le passage à l’écrit d’un genre oral en faveur à la Cour : le conte de fées. En 1697 paraît l'ouvrage qui la rend célèbre, "Les Contes des Fées", suivi en 1698, des "Contes Nouveaux ou les Fées à la mode". Comptant parmi les plus authentiques chefs-d’œuvre de la littérature féerique, elle publia : "Gracieuse et Percinet, L'Oiseau bleu, La Belle aux cheveux d'or, Le Prince lutin, L'Oranger et l'Abeille, la Biche au bois, la Chatte blanche, le Rameau d’or, Finette Cendron, le Nain jaune, la Grenouille bienfaisante." Ces contes célèbres ont été réécrits et diffusés par la Bibliothèque bleue, mais ils ont été longtemps éclipsés par la popularité de ceux de Perrault. Au XXe siècle, on en a adapté certains pour les enfants, ce qui contribua à propager l’erreur grossière selon laquelle ces contes leur auraient été destinés à l’origine…


(3) Bébé était le nain de la cour de Stanislas Leczinski à Lunéville (XVIIIe siècle). Hors du château de Lunéville, on le surnomme "Le Nain Jaune", personnage cruel d'un des contes de fées de la Baronne d’Aulnoy (XVIIe siècle).