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énigme 87 - Hippolyte Abraham-Dubois


énigme de Georges-André CHUQUET


Hippolyte Abraham-Dubois

Hippolyte Abraham-Dubois


Victime de réduction d'effectif (1) il cherche à se tenir dans un juste milieu (3)

Ce qui lui vaut de se faire tirer le portrait dans les journaux satiriques (4)…


Indices :

De la Révolution de juillet jusqu'au Printemps des peuples, il est de toutes les législatures (2)…


On peut le reconnaître parmi les célébrités du Juste Milieu (3)…


Membre de la Chambre des députés sous Louis-Philippe, et représentant à l'Assemblée constituante de 1848, Hippolyte Abraham-Dubois est né le 11 mars 1794, à Avranches (Manche), mort à Paris le 3 octobre 1863 ; il était fils de François Abraham, homme de loi à Avranches et de Charlotte Blondel. Il suivit d'abord l'état militaire et se distingua comme sous-lieutenant ; à sa sortie de l'Ecole de Saint-Cyr, en 1812, il fit en Allemagne la campagne de 1813 ; blessé à Dresde et à Küllun, il fut fait prisonnier et interné au fond de la Hongrie.

La paix lui rendit la liberté ; mais la Restauration le mit à la demi-solde (1) : sous la première restauration, l'ordonnance du 12 mai 1814 supprime une centaine de régiments, entraînant ainsi une réduction importante du nombre d'officiers. Une grande partie d'entre eux sont mis en "demi-solde", en fait en solde considérablement réduite, souvent de bien plus que la moitié...

Hippolyte Abraham-Dubois donna sa démission, et acheta en 1813 une étude de notaire à Granville. Il accueillit avec joie le gouvernement de Juillet, qui lui donna la croix de la Légion d'honneur et le nomma maire de Granville, situation d'une certaine importance politique en raison des menées légitimistes alors très actives entre ce port et les îles anglo-normandes.

Abraham-Dubois s'acquitta, à la satisfaction du gouvernement, du rôle de surveillant qui lui était dévolu, et le ministère soutint sa candidature à la députation, en 1832, dans l'arrondissement d'Avranches. Il fut élu, le 27 mai, et constamment réélu dans la suite, jusqu'à la fin du règne de Louis-Philippe : le 13 décembre 1833, aux élections générales de 1834, en 1837, en 1839, et enfin, en 1846 (2).

Abraham-Dubois qui siégeait au centre (3), vota d'abord avec la majorité gouvernementale. Il en fut récompensé, dès 1833, par un siège de conseiller référendaire de deuxième classe à la Cour des comptes. Il inclina, dans maintes circonstances, du côté de l'opposition dynastique.

Abraham-Dubois ne fut pas candidat à l'Assemblée législative de 1849. Il se consacra, jusqu'à sa mort à ses fonctions de Conseiller référendaire à la Cour des comptes ; le second Empire l'avait élevé en 1854, à la première classe.


(3) & (4) Un recueil de biographies satiriques de l'époque, le Procuste parlementaire, par Fortuna tus, consacrait à Abraham-Dubois, cette notice épigrammatique : "M. Dubois, pour ménager la faiblesse du pouvoir veut bien, malgré ses élans patriotiques, n'être que centre gauche. C'est là ce qu'on appelle son sacrifice d'Abraham…". Entre 1832 et 1835, Daumier modela une quarantaine de bustes en terre crue coloriée caricaturant un certain parlementaires ou personnalités de l’époque. Ils étaient destinés à lui servir de modèles pour des lithographies que lui avait commandées Charles Philipon, directeur du journal satirique "La Caricature". Trente-deux bustes, dont les originaux se trouvent au Musée d'Orsay, ont été acquis par l’Assemblée nationale ; cet ensemble est appelé Les célébrités du Juste-Milieu d'Honoré Daumier (1808-1879). Quand, "La Caricature" cesse de paraître, Philipon offre un nouveau champ d’action à Daumier en fondant "Le Charivari", journal qui joue un rôle important dans la vie politique de l'époque, et est spécialement dirigé contre Louis-Philippe.

Dans Le Charivari du 11 mars 1833, Abraham-Dubois est qualifié de député-fonctionnaire appartenant "à cette race d'ilotes bicéphales" n'ayant de pensées politiques "que celles de leur chef immédiat". Dans celui du 25 mars 1833, on peut lire : "A cette balance tenue d'une manière si égale, à cette myopie physique qui ne donne qu'une faible idée de la myopie intellectuelle de l'individu, à cet épais participant à la fois du ventrigoulu et du béotien de magistrature, qui n'a reconnu ce monsieur dont on fait les flûtes et que nous ne nommerons pas, de peur qu'on ne prenne l'explication de notre dessin pour un compte rendu…"


Sources : Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A. Robert et G. Cougny)


GAC – 24 janvier 2010