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Les Guiscard de Hauteville (la Guichard).


extrait de l’ouvrage Les Barons du Cotentin par André Davy 


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Cette famille s’est rendue célèbre par les enfants de Tancrède, qui bâtirent en Sicile un empire durable sans jamais revenir en Normandie. Mais sans oublier non plus leur terre natale, en faisant des dons pour la construction de la cathédrale de Coutances. Leur ancêtre, Hialtt, vers (898-940), jarl viking de Norvège, vivait en 920. Hialtt aurait été un fidèle de Rollon, et reçut un domaine, comme les compagnons du premier duc de Normandie. Il eut un fils inconnu, père de Tancrède Guiscard, seigneur de Hauteville (la-Guichard) (vers 986-1041), membre de la garde de Richard II de Normandie. Tancrède aurait sauvé la vie du duc Richard au cours d’une chasse en transperçant un gros sanglier avec son pieu. Il reçut en récompense un commandement dans l’ost du duc. Tancrède se maria deux fois.
La vie était morne et modeste à Hauteville. Aussi les fils de Tancrède ont-ils accepté les offres des envoyés de Rainolf, un Normand installé dans le fief d’Aversa, en Italie du Sud.
Guillaume, Dreux et Onfroy se mirent au service de Rainolf. Après 1010, Tancrède épousa Murielle, bâtarde de Richard Ier de Normandie, bienfaitrice de la cathédrale de Coutances, et de cette union naquit Guillaume Bras de Fer, comte de Pouilles (1042-1046. Après bien des combats dans Les Pouilles, en 1043, les Normands se donnèrent pour chef, Guillaume Bras de Fer comte des Pouilles. Guaimar IV de Salerne investit Guillaume des terres byzantines conquises ou à conquérir et lui donna en mariage en 1042, une de ses nièces Guida de Salerne. Guillaume s’attribua Ascoli et son frère Dreux Venosa. Une douzaine de chevaliers normands occupèrent les autres places conquises, devenus barons ils demeurèrent fidèles aux Tancrède.
Les Normands commençaient le début de la conquête de leur empire. Rainolf mourut en 1049, Guillaume le suivit quelques mois après. Dreux lui succéda et pour que nul ne l’ignore, il se proclama duc des Pouilles. 2 – Dreux ou Drogon comte des Pouilles et de Venosa (1046-1051), né vers 1010, fut assassiné le 10 août 1051 dans la chapelle de son château Monte Ilaro, près de Bovino. Il était marié avec Gaïtelgrima de Salerne, fille de Guaimar IV de Salerne.
Dreux confia à Onfroy la place de Lavello.
Après son assassinat, Onfroy, comte de Pouilles (Apulie) (1051-1057), prit aussitôt son titre. Marié à Altrude, sœur du duc de Sorrente, il est décédé en 1057, laissant deux anfants, Abélard le Rebelle et Herman.
La célébrité des Guiscard gagna la Normandie, et beaucoup de cadets de famille les rejoignirent en Italie. Mais le pape Léon IX trouvait qu’il fallait mettre un terme à l’expansion envahissante des Normands. Il réunit une armée pontificale puissante et hétéroclite de chevaliers allemands, de petits seigneurs italiens, de soldats de différentes nationalités…
Les barons normands marchèrent unis autour d’Onfroy et de Robert Guiscard. En ce début de juin 1053 les deux armées se rencontrèrent. Le matin du 17 juin, Onfroy, avec ses Normands unis et habitués à une discipline de fer, donna l’ordre de l’attaque. Le dispositif de l’armée du pape vola en éclats au premier assaut, et le pape se retrouva prisonnier. Onfroy le libéra en mars. Anéanti, Léon IX s’enferma dans Rome pour y mourir un mois après, le 19 avril 1054.
Onfroy, se sentant mourir, appela son frère Robert en Calabre, pour lui confier l’Italie normande et la tutelle de ses fils, Abélard le Rebelle et Herman, il expira au début de 1057.
Autre frère Parti en Italie, Geoffroy ou Godefroy, comte de Capitanate (Loritello), s’est marié deux fois, à une Normandie inconnue, puis à Théodorada Capaccio.
Serlon, lui, resta à Hauteville.
Mais revenons à Tancrède, qui se remarie vers 1020 avec Fressende de Normandie, environ (995-1057). De cette union naquit Robert Guiscard l’Avisé, comte des Pouilles (1057-1059), duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile (1059-1085), né après 1015 à Hauteville-la-Guichard, décédé le 17 juillet 1085. D’un premier mariage en 1047 avec Auberée de Buonalbergo (Bonnauberge), Robert eut une fille, Emma, mariée avec Odon le Marquis. Et Bohémond, ancêtre des Princes d’Antioche, qui se maria en 1106 à Chartres avec Constance, fille de Philippe Ier roi de France.
De son deuxième mariage en 1058 avec Sikelgaite de Salerne, il eut une fille, Malthide ou Mahaut d’Hauteville, mariée avec Raymond Béranger de Barcelone, dit Tête d’Etoupe.
A son arrivée en Italie, Robert se présenta à son demi-frère Dreux, qui le pria de chercher fortune tout seul, mais Dreux finit par lui céder la place de Scribba, dans la vallée de Crati. Un cousin Girard de Buenalbergo, près de Bénévent, proposa à Robert d’épouser sa tante Auberée (Aubrée) et de conquérir la Calabre avec lui et 200 chevaliers de ses amis. A la mort d’Onfroy, Robert prit le titre de comte des Pouilles et écarta impitoyablement ses neveux, Abélard le Rebelle et Herman. Il envisagea de conforter cette nouvelle puissance normande en répudiant sa femme, Aubrée de Buenalbergo, car il voulait faire un mariage princier comme ses frères. Il se remaria en 1058, avec Sykelgaite, autre fille de Guaimar IV de Salerne. Dans le même temps, en juillet 1057, une rupture définitive se produisit entre Rome et Byzance.
Le nouveau pape, Nicolas II, Gérard de Bourgogne, évêque de Florence, fut élu le 24 janvier 1059. Il voulait voir Rome assise sur des bases solides et durables et changea la politique italienne. Le 29 août 1059, Robert Guiscard et son beau-frère Richard d’Aversa se reconnaissaient fidèles du pape et de ses successeurs, défenseurs de la papauté et des Etats de l’Eglise. Nicolas II les reconnut, Richard comme duc de Capoue, Robert dit Guiscard comme duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile, et de toutes les terres conquises et à conquérir, avec le concours de Dieu et de Saint Pierre.
Robert vit arriver ses frères, Guillaume, Mauger et Geoffroy, qui ne brillèrent pas dans cette Italie-Normande. Vers 1060, il s’attacha particulièrement au benjamin, Roger, dans lequel il reconnut la trempe des Guiscard. Robert lui donna soixante chevaliers avec mission de poursuivre la conquête de la Calabre, en lui laissant toute liberté d’action. Roger en devint le comte et se tourna vers la Sicile, dont il apercevait les premières côtes.
L’émir de Sicile, Ibn At Timnah, était aux abois, battu par son beau-frère l’émir Ibn al-Hawas d’Abgrigente. Il vint solliciter le secours de Roger, à l’époque seigneur de Mileto, qui décida aussitôt l’invasion de la Sicile. Roger demanda le renfort de Robert. Ainsi débuta la conquête de la Sicile, dont Roger devint le comte en début 1072.
Après bien des péripéties et la capitulation de la ville de Bari en Apulie, le 16 avril 1071, Robert entrait dans la place, mettant ainsi fin à la présence grecque en Italie du Sud.
Robert, dont la vie ne fut que combats, mourut le 17 juillet 1085 dans une expédition. Il avait 70 ans.
Parmi les autres enfants de Tancrède et Fressende, citons : Mauger ; Guillaume le Jeune, décédé en 1080, comte de Principate, marié avec Marie de Salerne ; Alfred ou Alvred, resté en Normandie ; Hubert ; Tancrède ; enfin Roger Ier le Grand, comte de Sicile en 1062, prince de Calabre, né en 1031 à Hauteville, décédé le 15 juillet 1101 à Mileto, la place que lui avait cédé Robert à son arrivée.
Roger s’était marié trois fois. Il avait épousé en 1061 Judith, fille de Guillaume comte d’Évreux ; puis Eremburge d’Eu, fille de Guillaume de Mortain et Adélaïde de Savone, comtesse de Sicile et reine de Jérusalem, décédée en 1118 à l’âge de 68 ans.
Ses descendants seront rois de Sicile, et s’allieront avec les têtes couronnées d’Europe, empereurs d’Allemagne, de Constantinople, du Saint-Empire, rois de France, d’Angleterre et de Navarre.
Autre enfant de Tancréde et de Fressende de Normandie, Fredesendis s’est mariée avec Richard d’Aversa, prince de Capoue. Et une fille au prénom inconnu, venue rejoindre son frère Robert, épousa un lieutenant de celui-ci, Geoffroy comte de Conversano : de cette union naquirent six fils et une fille, Sybille, qui épousa Robert Courteheuse, le fils aîné de Guillaume le Conquérant.