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Abraham DUQUESNE - bio


Abraham Duquesne ( Dieppe, entre 1604 et 1610 – Paris, 1er février 1688) Baron d’Indret [1] est l’un des grands officiers de la marine de guerre française du XVIIe siècle. Il servit sous Louis XIII et Louis XIV.

Né entre 1604 et 1610 à Dieppe dans une famille huguenote d’armateurs, de corsaires et de marchands. Dès son plus jeune âge il suit les pas de son père qui a servi dans la marine royale qu’il intègre en 1627. En 1635 il devient capitaine de vaisseau.

Il se fait remarquer en tant que commandant du Neptune lors de la reprise des îles de Lérins situé au large de Cannes à l’Espagne en 1636. II se signale aussi au combat de Tarragone en 1641, et à celui du cap de Gâta, où il est blessé, en 1643. Mais en 1644, il perd son navire dans des circonstances mystérieuses et doit quitter la marine.

Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il s’engage avec son frère dans la marine suédoise. Il est fait amiral-major par la Reine Christine et sert dans la guerre dano-suédoise. Il défit complètement devant Göteborg la flotte danoise commandée par Christian IV de Danemark en personne.

Avec le retour à la paix, il participe à des échanges entre les marines de Suède et de France, avant de rentrer en France en 1647 où il arme une escadre à ses frais. Il bat en 1650 les Anglais et les Espagnols qui avaient envoyé plusieurs vaisseaux au secours de Bordeaux révolté et est en récompense créé chef d’escadre.

Durant la Fronde, il reste fidèle au Roi et arme à ses frais contre les frondeurs. À la fin de la Fronde, il tente un retour en Suède, mais pour des raisons inconnues, il est éconduit par la marine suédoise et doit rester en France. Il entretient alors des liens d’affaires avec Fouquet et ne prend pas la mer. En 1661, il réintègre la marine française et participe aux premières opérations navales du règne de Louis XIV.

Après s’être illustré dans plusieurs combats en Méditerranée dans les années 1662-1665, il sert dans l’escadre de François de Vendôme, duc de Beaufort dont il espère devenir le bras droit. Duquesne est nommé lieutenant général en 1667, mais son ascension dans la hiérarchie de la marine, est ensuite barrée par la promotion fulgurante de l’amiral d’Estrées. Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert ne voient pas en Duquesne un chef de guerre rompu au combat en ligne et animé d’un véritable esprit offensif. La guerre de Hollande va leur donner raison et confirmer la passivité de Duquesne au combat.

En juin 1672, il commande le Terrible et participe sous les ordres de d’Estrées et du Duc d’York à la bataille de Solebay contre la marine hollandaise. Il manœuvre trop lentement pour soutenir efficacement d’Estrées et pire, ne répond pas aux ordres d’attaque du duc d’York et laisse échapper la flotte hollandaise alors que la flotte anglo-française se trouvait dans une position très favorable. La carrière de Duquesne semble alors entrer dans un déclin irréversible.

Mais, l’entrée en guerre de l’Espagne en 1673 et le soulèvement de Messine en 1674, ouvrent un second front maritime en Méditerranée. Duquesne est alors choisi pour seconder le duc de Vivonne et promu commandant de l’Escadre de la Méditerranée en 1674. Après de faciles succès en 1675 contre une flotte espagnole qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, Duquesne va devoir affronter en 1676 le plus grand capitaine de son temps, l’amiral hollandais Ruyter qui se porte au secours des espagnols.

À la bataille d’Alicudi, le 8 janvier 1676, et à la bataille d’Agosta, le 22 avril 1676 Duquesne, frileux, laisse à son avant-garde tout le poids de la bataille. Aux cours de ces deux batailles, Duquesne ne parvient pas à prendre l’avantage sur l’escadre hispano-hollandaise. Celle-ci demeure intacte alors qu’elle aurait put être facilement inquiétée s’il s’était montré plus agressif et habile dans ses manœuvres. Cependant à la bataille d’Agosta, Ruyter est mortellement blessé. La victoire décisive à Palerme le 2 juin 1676, est obtenue grâce au génie de Tourville, Duquesne parti tirer un bord au large n’y ayant pas participé. Durant l’été, Duquesne se révèle incapable de poursuivre et de détruire le reste des forces hollandaises pourtant mal en point.

En 1681, il poursuit et attaque les corsaires et la flotte de Tripoli dans l’anse de Chio.

Puis en 1682-1683, il commande par deux fois le bombardement d’Alger, et força le dey à restituer tous les esclaves chrétiens. En 1684, il bombarda de même Gênes (qui avait vendu quelques secours aux Algériens). Ce bombardement contraint le doge à venir s’humilier aux pieds du roi de France (1684).

Duquesne était protestant, ce qui empêcha Louis XIV de l’élever à la dignité d’amiral. Cependant il le fit marquis et érigea eu marquisat sa terre du Bouchet près d’Étampes. Ce fut un des très rares personnages de l’époque qui ait été autorisé à rester protestant en France malgré l’Édit de Fontainebleau signé en 1685. Il mourut à Paris le 1er février 1688 à l’âge de 78 ans.

Il est enterré dans son château du Bouchet, domaine érigé en marquisat par Louis XIV.

Dieppe, sa patrie, lui a élevé une statue (1844). Statue de Duquesne (XIXe), sur le port de Concarneau, provenant du château de Kériolet. Abraham Duquesne possédait le manoir du Moros à Concarneau.

La légende dorée

Malgré une carrière dont les seuls hauts faits d’armes se limitent en réalité à deux journées (la bataille d’Alicudi et la bataille d’Agosta), Duquesne fut unanimement célébré comme un grand chef de guerre.

Cette légende dorée fut d’abord forgée par Duquesne lui-même qui ne manque jamais l’occasion de se présenter comme un vieux loup de mer, mais aussi par Colbert qui va utiliser les combats contre Ruyter pour redorer le blason de la Royale. Tenue en respect dans la Manche par la flotte des « marchands de fromage », la campagne en Méditerranée va permettre à la Royale de se forger un héros à l’image des Condé et Turenne. Du jour au lendemain, la propagande fait de Duquesne, « le Turenne des mers », le plus grand capitaine de mer du moment, l’égal et le vainqueur de Ruyter. Alicudi et Agosta deviennent des victoires éclatantes et Palerme le plus formidable succès naval.

Alors que tous les grands chefs du règne de Louis XIV, sont anglais ou hollandais, Duquesne va servir la propagande et accréditer l’idée d’un génie maritime français. Plusieurs siècles d’histoire cocardière et conformiste ont véhiculé et imposé par la suite un portrait élogieux et flatteur de Duquesne.

On ne saurait pourtant nier la valeur de ce grand marin, qui, sans avoir souvent commandé en chef (étant d’ascendance roturière et de plus protestant), s’éleva par les seules forces de son mérite et de ses coups d’éclats, sans jamais renier sa foi et ses convictions. Il n’en reste pas moins que la fin de sa carrière fut assombrie par la dureté de son caractère, intraitable et hautain, qui lui fit adopter des comportements dictés par la colère, et qui furent dénoncés par nombre d’officiers de son temps.

Bâtiments ayant porté le nom de Duquesne

  • Un vaisseau de 74 canons (1787-1803)
  • Un vaisseau-école (1811-1814)
  • Un vaisseau de 74 canons (1814-1836)
  • Un vaisseau de 82 canons (1847-1867)
  • Un croiseur (1873-1901)
  • Un croiseur lourd de 10 000 tonnes (1924-1955)
  • Une frégate lance-missiles (DDG immatriculé D 603) lancé en 1966 et mis en service en 1970, devrait être désarmé en 2011.

source : wiki


extrait de Grands marins normands Par Jean Mabire, 1993

Notes

[1] Michel Vergé-Franceschi, Abraham Duquesne huguenot et marin du Roi-Soleil, France-Empire, 1992, 144 p. (ISBN 2704807051)