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Madeleine de Scudéry


Madeleine de Scudéry, née au Havre le 15 novembre 1607 et morte à Paris le 2 juin 1701, est une femme de lettres française.

Sa vie et son œuvre

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« Sappho » était le surnom, selon la mode du temps, de cet auteur du XVIIe siècle qui fut une habituée de l’hôtel de Rambouillet avant de lancer, en 1652, son propre salon littéraire, qui donna longtemps le ton de la Préciosité, dont elle était l’une des plus célèbres représentantes. La plupart des célébrités de l’époque, Mme de La Fayette, Madame de Sévigné, et les Montausier, La Rochefoucauld, Conrart, Chapelain, Pomponne et Pellisson honorèrent régulièrement les « samedis de Mlle de Scudéry » de leurs conversations érudites et galantes.

Elle a été, sous le nom de son frère Georges, qui n’a jamais hésité à endosser la paternité d’un grand nombre d’écrits de sa sœur, l’auteur à succès de longs romans galants à clé dépourvus de toute vraisemblance historique où se reconnaissent aisément les portraits de personnages tels que Condé, Mme de Longueville, etc. transposant dans l’Antiquité la vie de la société mondaine de son temps : Ibrahim ou l’Illustre Bassa (4 volumes, 1642) ; Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653), le plus long roman de la littérature française (10 volumes) ; Clélie, histoire romaine (10 volumes, 1654-1660) ; Almahide ou l’esclave reine (8 volumes, 1660) ; Mathilde d’Aguilar, histoire espagnole (1667).

Lieu d’analyses raffinées de la vie intérieure des personnages dont les portraits ont souvent un étonnant relief, ces œuvres ont donné vie à des émotions nouvelles, telles que la mélancolie, l’ennui, l’inquiétude et certaines douces rêveries qui préfigurent Rousseau. Publiées à part dans la Morale du monde ou Conversations (10 volumes, 1680-1682), les conversations pleines de sens et d’esprit de ses personnages sont devenues une sorte de manuel de la société élégante. Ces romans ont donné lieu à une vogue de romans précieux proposant une vision idéalisée de l’amour et une peinture poétisée de la société mondaine. C’est dans Clélie, histoire romaine que figure la fameuse Carte de Tendre à la géographie galante, confinant parfois au mièvre, qui a détourné le courant précieux de son modernisme originel.

Madeleine de Scudéry a néanmoins fait tenir, dans Artamène ou le grand Cyrus, des propos contre le mariage très violents à son héroïne du nom de... Sappho qui va jusqu’à dire que cette institution est une tyrannie. Sur ce point, elle sera cohérente avec elle-même en restant célibataire jusqu’à sa mort. Ce roman est également considéré par certains critiques littéraires comme le premier roman moderne dans la mesure où, sa publication n’ayant pas été interrompue par la Fronde, cette œuvre, sans faire l’apologie de la sédition politique, laisse transparaître les sympathies sans illusions de Madeleine de Scudéry pour les Frondeurs. Le personnage de Sappho constitue la première indication attestée de la prise de conscience du fait qu’après la Fronde, les femmes n’auraient plus le droit d’appliquer leurs talents qu’aux sujets intellectuels et uniquement dans la sphère privée. Au demeurant, la « retraite » de Sappho au royaume des Sauromates — la demeure légendaire des Amazones — dans le dixième volume d’Artamène coïncide avec la « retraite » de la Grande Mademoiselle. Avec Pellisson, avec qui elle a entretenu une relation de grande fidélité, elle a influencé La Fontaine et Molière qui semble pourtant l’avoir ridiculisée sous le nom de « Magdelon », diminutif de Madeleine, dans les Précieuses ridicules. Elle a également été la première femme à recevoir le prix de l’éloquence de l’Académie française. Elle a été de l’Académie des Ricovrati.


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