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Pierre DESCELIERS - bio

père de l’hydrographie et de la cartographie ...


Pierre Desceliers (≈1500 - ≈1558) fut un cartographe français de la Renaissance et membre éminent de l’école de cartographie de Dieppe. Il est considéré comme le père de l’hydrographie française.

Peu de choses sont connues de la vie de Desceliers. Il est probablement né à Arques-la-Bataille vers 1500. Cependant d’autres sources donnent parfois la date de 1483, ce qui semble peu probable au vu de la date de création de ses cartes. Son père était archer au château d’Arques et il est possible que la famille soit originaire du pays d’Auge où le nom de famille survit entre Honfleur et Pont-l’Évêque. On sait qu’ordonné prêtre, il résida à Arques où sa famille possédait une maison dite « La corne de cerf ». Il fut aussi examinateur des pilotes maritimes, autorisé à décerner les brevets au nom du roi, comme l’atteste le sceau retrouvé portant ses initiales. Il enseignait aussi probablement l’hydrographie. Il réalisa pour le duc de Guise une carte hydrographique des côtes de France.

Proche de Jean Ango et du monde des explorateurs dieppois, dont Giovanni da Verrazano et les frères Jean et Raoul Parmentier, il ne navigua apparemment pas lui-même. Il était néanmoins en mesure de collecter nombre d’informations et de portulans [1] qu’il compila dans ses cartes. Une école féconde de cartographie se forma à Dieppe autour de lui avec notamment Nicolas Desliens.

Au sein de cette école de cartographie de Dieppe, il réalisa plusieurs portulans de grande taille qui ont connu des fortunes diverses.

  • Celui de 1543, mentionné en 1872 dans l’inventaire de la garde-robe du cardinal Louis d’Este sous l’intitulé La descriptione del Mondo in carta pecorina scritta a mano, miniata tutta per P. Descheliers. Le sort de cette carte est inconnu.
  • Celui de 1546 (taille : 2560mm x 1260mm), réalisé sur commande de François Ier. Il a appartenu ensuite à un certain Jomard puis à un comte de Crawford et est maintenant conservé en Angleterre à la John Rylands Library, à Manchester.
  • Celui de 1550, réalisé pour Henri II et portant ses armes ainsi que celle d’Anne de Montmorency et de l’amiral Claude d’Annebaut. Conservé en Angleterre, à la British Library.
  • Celui de 1553, disparu à Dresde lors d’un incendie en 1915. Une copie en est exposée au château de Dieppe.
  • Un autre daté de 1558 et dont le sort est actuellement inconnu aurait figuré à l’Exposition internationale de géographie de Paris en 1875.

Ces cartes sont à la croisée du Moyen Âge et de l’ère moderne. Précises autant que les connaissances le pouvaient sur le tracé des côtes, elles intègrent des représentations fantastiques d’habitants et d’animaux dans l’intérieur des terres. Un continent austral, précurseur de l’Australie 200 ans avant la « découverte » de James Cook, apparaît, sans doute basé sur les explorations des Portugais et des Hollandais. Le Canada, espace de prédilection des marins dieppois, est bien détaillé, de même que la majeure partie de l’Amérique nord et sud, seulement cinquante ans après la découverte de Christophe Colomb. Malgré leur grande valeur, tant artistique que cartographique, ce genre de cartes tombera rapidement en désuétude dès la fin du XVIe siècle avec l’arrivée de l’œuvre rigoureuse de Mercator et de ses mappemondes.

On pense que Desceliers mourut à Dieppe vers 1558. Son buste, dû à Henri-Ernest Dubois, a été placé au-dessus de l’entrée d’honneur de la Chambre de Commerce, à côté de celui d’Ango. Une rue de Dieppe porte également son nom.


Portfolio

Notes

[1] Un portulan (dans beaucoup de langues portolan), au XIVe siècle ou plus tard, était une sorte de carte nautique.