Photos Florence CARDE
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Situé sur un éperon rocheux entre les vallées de l’Ante et du Marescot, autrefois entouré de marécages, le château Guillaume-le-Conquérant de Falaise implanté dans des conditions naturelles de défenses idéales, domine la ville. Témoin de la puissance des ducs-rois anglo-normands, cette place forte, édifiée dans son ensemble au XIIe et XIIIe siècles s’inscrit dans la lignée des châteaux construits par Guillaume le Conquérant et ses successeurs après la conquête de 1066. Ces donjons-palais sont les rares exemples d’architecture médiévale à associer les fonctions militaires et résidentielles. Peu modifié pendant les siècles qui suivent sa construction, le château devenu indéfendable est laissé à l’abandon à partir du XVIIe siècle. Menacé de destruction, en état de ruines, c’est à partir de 1840, avec le classement de l’édifice aux Monuments Historiques, que les projets de conservation et de préservation apparaissent. D’ambitieuses campagnes de restauration voient le jour et c’est en 1997, après de longues années de réhabilitation, que les donjons ouvrent leurs portes au public. Magnifiquement restauré, ce lieu incontournable de l’histoire de France et d’Europe s’impose aujourd’hui comme un élément majeur du paysage touristique régional. Il s’inscrit, avec les monuments de Caen et Bayeux dans l’Espace Guillaume le Conquérant.
Ce château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques [1] depuis 1840.
Les premières traces de fortifications en pierre date du Xe siècle, ce qui en ferait l’un des premiers châteaux normands en pierre [2].
Le château a connu trois grandes phases de constructions différentes, il en résulte trois donjons :
Le château, abandonné au XVIIe siècle est finalement classé monument historique en 1840. Victor Ruprich-Robert (disciple de Viollet-le-Duc) entame une campagne de restauration qui sauve les donjons de la ruine. Les donjons furent peu touchés par les bombardements alliés lors des combats de la Poche de Falaise.
Entre 1987 et 1997, les donjons ont fait l’objet d’une restauration de la part de Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques du Calvados. Il a réalisé une version moderne de l’avant-corps du grand donjon dont les fondations étaient connues. Cette reconstruction fut controversée [9] car elle utilise de l’acier et du béton armé verni. En accord avec la charte de Venise, l’utilisation de tels matériaux pour restaurer un château médiéval vise à informer le visiteur de l’actualité de la réalisation. [10]
[1] Notice no PA00111309 , sur la base Mérimée, ministère de la Culture
[2] « Falaise, premier château normand en pierre ? » Pour la Science, juillet 2009, p. 12.
[3] GONDOIN, Stéphane William. Château forts de Normandie. Orep édition, Cully : 2006. Page 17.], quatrième fils de Guillaume le Conquérant au XIIe siècle, c’est le grand donjon. Le premier étage — l’espace ducal — est composé des pièces traditionnelles de l’habitat seigneurial médiéval : la Grande-Salle, pièce de réception (en latin aula), la chambre, pièce de vie privée (camera), la chapelle (capella)[[WENZLER, Claude, Architecture du château fort, Ouest-France, Rennes, 1997, p. 11.
[4] Au XIe siècle, le donjon du château de Falaise était, au moins partiellement, maçonné. C’était alors très rare en Normandie. Certains auteurs pensent même que le donjon était totalement en pierre. Voici ce qu’en dit Paul German : « L’efficacité de cette enceinte de pierre et de son donjon, également en pierre, unique dans la région, à l’époque, est attestée par de multiples témoignages de la période ducale. » (GERMAN, PAUL. Histoire de Falaise. Charles Corlet éditions, Condé-sur-Noireau : 1998. p. 58.)
[5] AURELL, Martin. L’Empire des Plantagenêt, 1154-1224. Tempus (collection), Perrin édition, Paris : 2004. (Ouvrage de référence sur Henri II et ses fils)
[6] « Au mois de décembre 1159, les deux rois [Henri II et Philippe Auguste] conclurent une trêve et, peu après, Henri II put tenir tranquillement sa cour de Noël, à Falaise. » NEVEUX, François. La Normandie des ducs aux rois, Xe ‑ XIIe siècle, Ouest France Université, Rennes : 1998, p. 527.
[7] « La fonction défensive de ce deuxième ouvrage ne paraît pas affirmée. Alors qu’au même niveau, dans le grand donjon, on s’était contenté d’un éclairage très faible, dispensé par d’étroites meurtrières, le petite ouvrage est percé de grandes ouvertures faisant entrer largement la lumière [...] il est clair qu’on se trouvait là, sur l’à-pic du rocher, à l’abri des attaques. » DECARIS, Bruno. Le château de Falaise. Monuments Historiques, Paris : vers 1985. p. 7.
[8] JOUET, Roger. ... Et la Normandie devint française. Orep éditions, Cully : 2004.
[9] Cette controverse a pris fin avec un procès, les parties civiles étaient composées d’habitants et d’associations locales et historiques, dont la Société des antiquaires de Normandie.
[10] Charte de Venise, art. 9, en matière de restauration, « tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps »