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Saint-Pierre-Église - Notes historiques et archéologiques


L’église est sous le vocable de saint Pierre ; sa nef conserve encore quelques beaux restes d’architecture romane. Avant 1665, il y existait deux curés. En 1250, suivant le Livre noir de l’évêché de Coutances, il y avait de plus à St. Pierre deux patrons laïques, Robert de Clamorgan pour une moitié, et Robert Nerbone pour l’autre : « Et sunt ibi duo rectores et percipiunt quidlibet in portione sui patroni. »

Guillaume de Saint-Pierre, plus communément appelé Guillaume de Saint-Pair, écrivain du XIIIe siècle, naquit à St. Pierre-Église. Il est l’auteur d’un poème en vers de huit syllabes intitulé Roman du Mont-St-Michel [1].

En 1307, Jean de Clamorgan, prêtre, recteur de Saint-Pierre, signe le contrat de mariage de sa nièce, Jeanne de Clamorgan, avec le chevalier Guillaume d’Argouges.

En 1434, Raoul Lesage, chevalier de Saint-Pierre-Église, fonde la chapelle de saint Gabriel en l’église de Valognes. L’acte de cette fondation reproduit les noms des ancêtres de Jeanne Dauvin, femme du fondateur. Ils se nommaient Piquet, et avaient eu le fief seigneurial de Saint-Pierre par mariage avec une héritière des Clamorgan [2].

En 1485, Pierre Osber était châtelain de St. Pierre-Église [3].

En 1595, Nicolas Castel de Saint-Pierre, nommé par le duc de Montpensier colonel des garde-côtes du Val-de-Saire, se distingua, sous les ordres du marquis de Canisy, à la prise du fort de Tatihou, dans lequel le ligueur Michel de Raffoville, lieutenant de Dutourps, s’était enfermé.

Au temps de la Ligue, le château de Saint-Pierre avait pont-levis et fossés. Il fut brûlé par les Ligueurs, qui voulaient punir le châtelain, Richard Castel, d’avoir pris parti pour le roi. On trouve la preuve de ce fait dans un arrêt du parlement de Rouen du 2 avril 1597, qui condamne Raffoville à payer une amende de 6,000 écus d’or à Nicolas Castel, fils dudit Richard, pour la reconstruction du château.

En 1666, Charles Castel, qui, en 1644, avait fait ériger en baronnie le fief de Saint-Pierre-Église, acheta la charge de grand bailli du Cotentin et le patronage de Hautmoitier, qu’il donna plus tard à l’Hôtel-Dieu de Saint-Lo, en échange d’une partie de celui de Saint-Pierre. Il mourut sans enfants en 1675, et eut pour successeur Bon-Thomas Castel, qui fit ériger en marquisat la terre de Saint-Pierre.

L’abbé Charles-Irénée Castel naquit au château de Saint-Pierre-Église le 18 février 1658. Il fut aumônier de Madame et abbé de Tiron en 1702. Auteur d’un grand nombre d’écrits philosophiques, il avait été admis, en 1695, à l’Académie française, où il occupa le 10e fauteuil après Cordemoy. Il en fut exclu, pour avoir exalté, dans sa Polysynodie, la manière de gouverner du Régent en blâmant celle de Louis XIV. Cette exclusion fut à peu près unanime ; un seul vote, celui de Fontenelle, protesta contre cette mesure violente [4] ; le duc d’Orléans ne voulut pas que le fauteuil fût occupé. Il demeura vacant jusqu’à la mort de l’abbé, arrivée à Paris le 29 avril 1743. Castel de Saint-Pierre portait partout cet esprit de réforme qui était le fond de son caractère. Nous avons de lui un Projet pour perfectionner l’orthographe des langues de l’Europe, publié en 1730, où il donne un peu trop librement carrière à son génie. On sait comment il orthographiait les mots de notre langue : « Diqsionnaire, fransès, enquore, etc., etc [5] ».

En 1710 mourut à Saint-Pierre-Église l’abbé Blondel, fils de Guillaume Blondel, seigneur de Digosville, qui, après avoir été, pendant 28 ans, curé de Saint-Pierre d’Allonne, fut transféré à Saint-Pierre-Église par Mgr. de Loménie, sur les instances de M. de Saint-Pierre [6].

En 1766, le 17 mars, mourut et fut inhumé dans l’église de Valognes Bon-Henri Castel, marquis de Saint-Pierre, dernier rejeton de cette famille. Vers 1760, il avait fait démolir une grande partie de l’ancien château, pour construire celui qui existe aujourd’hui.

En 1816, on découvrit près de l’avenue de ce château, à une assez grande profondeur, trois urnes en terre grossière, à peu de distance les unes des autres, et couvertes d’une pierre plate. Ces urnes étaient pleines de cendre noire et d’os calcinés. Quelques années plus tard, on en trouva une autre toute semblable au hameau de Tesneville, dans une pièce nommée Lépinette, où l’on découvre encore aujourd’hui des tuiles romaines, et où la tradition orale place un ancien château. Dans une lande voisine on reconnaît un retranchement long de 20 mètres, d’où la vue s’étend et domine depuis Fermanville jusqu’à Barfleur.

Saint-Pierre-Église possède deux menhirs remarquables : l’un situé à une petite distance au Nord-Ouest du bourg, l’autre vers la ferme de Hacouville.

On comptait autrefois parmi les notables habitants de Saint-Pierre la famille Castel, qui portait de gueules au chevron d’argent, accompagné de trois roses d’or ; celle de Marguerie, qui portait d’azur à trois marguerites d’argent, œilletées d’or au pied de sinople. Maximilien Le Vicomte, marquis de Blangy, chevalier de St. Louis, lieutenant-général des armées, fut le dernier des grands baillis du Cotentin, charge supprimée en 1789. Il portait d’azur à trois coquilles d’or, et avait succédé, en 1753, dans la charge de grand bailli à Henri Le Berseur de Fontenay, son oncle par alliance. M. de Chantereyne, secrétaire de la Société royale académique de Cherbourg, lui avait dédié, en 1787, sa Chronologie historique des grands baillis du Cotentin, restée manuscrite.

Source :

Notes

[1] La Société des Antiquaires de Normandie vient de le publier dans son XXe. volume, p. 509 et suiv. ; édit. Francisque-Michel. Voyez sur ce poëte la Notice de M. E. de Beaurepaire, dans les mêmes Mémoires, t. XIX, p. 227-253

[2] Duhouguet, Recueil de chartes, f° 76 ; Collection de M. de Gerville

[3] Historia Harcariana, t. IV, f° 2008

[4] Voyez A. Charma, Biographie de Fontenelle, dans les Mémoires de l’Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, pour l’année 1847, p. 268

[5] Brunet, Manuel du libraire, t. IV, p. 193

[6] Trigan, Vie de messire Pâté, p. 448