Successeurs de la famille de Nollent et avant eux de la famille D’Aigneaux, la famille De Barberie fut la dernière à habiter le manoir des seigneurs de Saint-Contest jusqu’à la révolution française. (Blason : d’azur à trois têtes d’aigle d’or) Les De Barberie portaient le titre de Marquis et seigneurs de Saint-Contest et de la Châteigneraie, mais ils étaient plus souvent appelés : Monsieur de Saint-Contest. C’est sur la fin de règne de louis XIII, en 1640, que Tobie Barberie fit l’acquisition de la seigneurie de Saint-Contest appartenant précédemment aux de Nollent. En 1620, cette ancienne famille normande originaire de la généralité de Rouen avait contribué à maintenir la ville de Caen dans le camp de Louis XIII, lors du conflit qui l’opposa à sa mère Marie de Medicis, soutenue par les princes rebelles contre l’autorité royale.
Dominique-Claude De Barberie de Saint-Contest.
Son fils aîné, Dominique-Claude De Barberie, né en 1668 est un diplomate et un homme d’Etat Français qui entre dans la magistrature dès 1687, en devenant conseiller au Châtelet de Paris. Il est nommé conseiller au parlement deux ans plus tard et il obtient la charge anoblissante de maître des requêtes ordinaire de l’Hôtel de ville en 1696. En 1700, il est intendant de Metz et des trois-évêchés, en 1705 intendant de l’armée de Moselle, puis de celle d’Allemagne en 1708. Il va réintégrer la Moselle dès 1713 sous l’impulsion des maréchaux de Villars et de Bezons. Son ascension graduelle, mais régulière le porte en 1715, au titre de conseiller au conseil. Il va recevoir du Roi Louis XIV la charge de conseiller d’Etat ordinaire en 1716 après avoir fait ses preuves en septembre 1714 comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Roi au congrès de Bade (voir tableau ci-dessous intitulé : Saint-Contest au congrès de Bade en 1714 peint par Johann Rudolph HUBERT le Vieux) profitant alors du refus de M. de la Houssaye, intendant de Strasbourg, à qui on avait primitivement proposé le poste.
Mais c’est surtout dans l’affaire des princes légitimés de France que Saint-Contest forgea sa réputation. Il gagna ainsi la confiance du Régent grâce à son habileté et sa prudence. Ainsi le 1er juillet 1717 fut-il chargé de lire en plein conseil ministériel
les conclusions favorables aux princes du sang, mais qui furent néanmoins privés de succession à la couronne. Par la suite, il prit part à la notification du duc Léopold comme altesse royale, à l’issue de négociations
entamées dès 1716 entre la France et la Lorraine et qui débouchèrent sur le traité
du 21 janvier 1718. Nommé conseiller au conseil du commerce le 30 novembre 1720, puis plénipotentiaire auprès des Etats généraux des Provinces-Unies avec le comte de Morville, Dominique-Claude De Barberie fut envoyé par le comte de Rottenburg comme ambassadeur extraordinaire
au congrès de Cambrai, où, selon Saint-Simon « il y eut plus à faire pour les cuisiniers que pour les maîtres ! » en clair qu’aucune décision ne fut prise. (Mémoires de Saint-Simon)
Désormais conseiller d’Etat ordinaire en 1724, il entra au sein du conseil après la clôture du congrès. Toujours selon les mémoires
du Duc de Saint-Simon : « Il avait de la capacité et de l’esprit, infiniment de liant, et, sous un extérieur lourd, épais, grossier, simple, beaucoup de finesse et d’adresse, une oreille qui entendait à demi-mot, un désir de plaire au-dessus de tout, qui ne laissait rien au Régent... Saint-Contest était fort de mes amis ; son père et son grand-père maternel, doyen du parlement, avaient toujours été fort, attachés à mon père ! ».
Dominique-Claude De Barberie épousera
le 2 janvier 1700, Anne-Françoise Le Maître de Bellejame, « de cette ancienne et illustre magistrature de Paris, et soeur de la mère d’Ormesson et de la femme du procureur général sur lequel Saint-Contest porta aussitôt ses désirs ! » dira encore Saint-Simon dans ses mémoires. Ils eurent deux fils :
François-Dominique de Barberie de Saint-Contest
Succédant à son père Dominique de Barberie, nous trouvons en 1740 François- Dominique de Barberie, né en janvier 1701, Chevalier, marquis de Saint- Contest et maître des requêtes.
C’est le personnage le plus illustre de cette famille. Il fut d’abord intendant de Caen deux à trois mois, avocat du roi au Chatelet à Paris avec dispense d’âge, le 27 novembre 1721, puis conseiller au parlement en 1724 et conseiller maître des requêtes ordinaire de l’hôtel de ville en 1728 .Il rejoint l’intendance de Metz-Trois évêchés où il va devoir régler une délicate aff aire de pamphlet à l’encontre du roi, comme le relate l’histoire générale et raisonnée de la Diplomatie française : « Il eut à saisir au nom du roi, un pamphlet contre le souverain écrit par un nommé Dr Akakia, pseudonyme emprunté par un certain …Voltaire et imprimé par Charles Aubertin qui sera saisit par la justice et les ouvrages brulés en place publique ! »
Il épouse, le 27 septembre 1735, Jeanne-
Monique des Vieux, née en 1718 et fi lle du
fermier général Louis-Philippe des Vieux.
Il est ensuite nommé intendant du Béarn
à Pau, et enfi n on le retrouve à Dijon, intendant
de Bourgogne de l’année 1740 à
l’année 1749. À ce titre, son épouse entre
de plein pied dans la haute société Dijonnaise
en menant une activité mondaine et
littéraire à l’exemple des salons parisiens
de cette époque, lui valant la renommée
d’être une « salonnière française ».
Peut-être moins connu que ses consoeurs
de la capitale, Madame de Saint-Contest
constitue un élément supplémentaire à
charge d’une certaine activité des salons
féminins littéraires en province au XVIIIe
siècle. Dans sa correspondance inédite
Monsieur de Buff on rapporte que : « Elle
aima le monde et y obtint des succès, ainsi elle
était familièrement reçue au jardin du roi ! »
Buff on l’avait connue en Bourgogne dans
le temps de l’intendance de M. de Saint-
Contest.
De leur union va naître : Marguerite-Marie-
Louise-Victoire Barberie de Saint-
Contest, née le 13 mars 1738, décédée à
Paris le 26 juin 1771, âgée de 33 ans.
Son épouse Jeanne-Monique des Vieux
mourut à Paris le 1er mars 1746 à l’âge de
28 ans.
Le roi Louis XV le nomme ambassadeur
en Hollande, à l’hiver 1749, il ne se rendit
toutefois à la Haye qu’en septembre
de l’année suivante. Le 24 avril 1750 il
obtient le brevet de conseiller maître des
requêtes honoraires du roi et revient de
son ambassade à la demande de la marquise
de Pompadour qui le nomme, le
11 septembre 1751, ministre aux aff aires
étrangères.
Il avait d’après l’Histoire générale et raisonnée
de la diplomatie française, comme le
fut son père, longtemps fait partie du club
célèbre dit « Club de l’Entre-Sol (1724-
1734) dont l’abbé Alary fut le fondateur
et président. Mr de Saint-Contest était
un proche de Mme de Pompadour et son
protégé, aussi son infl uence à la cour était
importante.
A ce ministère, il va travailler à mettre en
place contre l’Autriche, la Russie et l’Angleterre,
un système fédératif réunissant la
France, l’Espagne, la Suède, le Danemark,
la Prusse et la Turquie. On disait de Saint-
Contest : « Qu’il avait peu d’élévation et
d’étendue dans les vues, des conceptions médiocres
; mais qu’il portait très loin l’amour de
la paix ! ». Néanmoins n’en déplut à ses détracteurs,
farouches partisans du dauphin
et donc ennemis de « La Pompadour », M.
de Saint-Contest va être honoré au cours
de son ministère en reconnaissance du
travail accompli. D’abord, la compagnie
des Indes baptisa l’un de ses vaisseaux : le
SAINT-CONTEST.
Enfin, en 1754
François-Dominique
de Barberie
va accéder
à la fonction
honorifi que la
plus convoitée
de l’époque, il
obtient du roi la
charge de prévôt,
maître des cérémonies des ordres de
sa majesté, vacante par la mort du marquis
de Brézé. C’est-à-dire L’Ordre du Saint-
Esprit, qui fut crée le 31 octobre 1578 par
Henri III, encore appelé Le Cordon Bleu.
Le prestige de ses membres était sans précédent
et en général seuls les plus grands
noms de la noblesse y accédaient. Faire
partie de ce cercle très sélectif composé de
100 chevaliers et de 4 Grands maîtres était
la distinction suprême pour les membres
de la noblesse.
François-Dominique de Barberie décédera
à Versailles quelques mois après avoir
obtenu cette haute distinction à l’âge de
53 ans.
Son frère Henri-Louis de Barberie fut
intendant de Limoges, puis en 1743
conseiller au Parlement de Paris. Ils
avaient pour cousins Jacques-Dominique
de Barberie de Courteille, conseiller d’état
en 1764, et Michel-Antoine de Barberie,
abbé comandataire de l’abbaye de Beaulieu.
Aux archives paroissiales, l’abbé Elie dans
son Histoire de la paroisse de Saint-Contest
avait retrouvé à la date du 18 juillet 1770,
la trace de Claude-François de Barberie,
chevalier, marquis, seigneur de Saint-
Contest, fi ls du frère Henri-Louis, et qui
fut le parrain de la grosse cloche de l’église,
représenté par maître Elie Bertin, avocat
au parlement de Paris.
La seigneurie de Saint-Contest appartenait
encore en 1786, à Claude-François de
Barberie. A partir de cette époque, c’est le
déclin de cette famille et les Barberie ne la
possédèrent plus.
Dans L’Histoire du protestantisme à Caen
on y apprend que les Barberie étaient
protestants et que cela explique pourquoi
nous ne trouvons jamais leurs noms inscrits
dans les registres de catholicité de
la paroisse. Cependant il y a un paradoxe
de taille puisque pour entrer dans l’ordre
du Saint-Esprit, le catholicisme était une
règle incontournable, donc il est possible
de supposer une conversion de la famille
de Barberie à la Révocation de l’édit de
Nantes. Les Barberie ruinés furent obligés
de vendre leur propriété peu de temps
avant la Révolution. Ils se retirèrent dans
une modeste demeure à Caen, où les
derniers représentants de cette grande et
ancienne famille moururent dans la plus
profonde misère, vivant d’expédients et de
l’aumône de quelques amis qui leur étaient
restés fi dèles. La demeure de la seigneurie
de Saint-Contest fut acquise au moment
de la Révolution par un dénommé
Charles-Louis Varnier, docteur en médecine
Parisien ayant fait fortune.
Dominique Barbé, Comité pour L’Histoire de Saint-Contest
source : mairie-saint-contest.fr - article de Dominique Barbé, Comité pour L’Histoire de Saint-Contest