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Carteret - Notes historiques et archéologiques


Carteret. — Castrum , Casterium, Kartrait, Cartreit, Cartrait.

L’église paroissiale actuelle de Carteret en a remplacé une autre qui datait du xie ou du xue siècle. Elle est sous le vocable de saint Germain, était taxée à 24 livres pour décimes, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Barneville.

L’abbaye ,du Mont-Saint-Michel en avait le patronage. Renaud de Carteret le lui avait donné en 1125 avec la chapelle Saint-Ouen de Jersey : Ego Rainaldus de Carterei obluli deo et sancto Michaeli ecclesiam B. Germant de Cartraio cum décima et terra de elemosina régis que est s. Odoeni in Gerseio [1]. Richard de Meré, alors abbé du Mont-Saint-Michel, reçut cette donation qui fut confirmée par Richard de Brix, évêque de Coutances ; elle fut encore confirmée, en 1135, par Algare, en 1290, par Eustache Ier, l’un et l’autre évêques de Coutances.

L’abbé du Mont-Saint-Michel avait les deux tiers de la dîme et le curé l’autre tiers avec le casuel Dans la cours du XIVe siècle, le prieur de Chausey, qui dépendait du Mont-Saint-Michel, avait les deux tiers des grosses dimes ; le curé avait l’autre tiers et les menues dimes. Plus tard, et dans le courant du XVIIe, siècle, le curé avait les deux tiers de la dime et sa cure lui valait 400 livres. L’abbé du Mont-Saint-Michel était toujours le patron de la paroisse. Il y avait dans le manoir du seigneur une chapelle qui n’avait aucuns revenus.

Antiquités Romaines. — Sur la pointe de Carteret on a signalé les traces d’un camp, encore nommé aujourd’hui le Câtel ou le Castel. Peut-être ce Câtel, situé en face de Jersey, était-il un de ces camps ou vigies, exploratorium, établis sur les hauteurs voisines de la mer, ou ù l’embouchure des fleuves çt des rivières, et qui servaient à surveiller la marche des pirates saxons et à repousser leurs invasions. Ce furent les courses des peuples du nord qui firent donner à notre contrée le nom de rivage saxonique, Littus saxonicum, qu’on trouve cité dans la Notice, de l’Empire [2]. « 

Dans un lieu nommé le Clos des Monts, on trouva, en 1835, plusieurs ustensiles et ornements, comme meules, couteaux en bronze, quatre bracelets en or ; deux de ces bracelets ne portent aucune moulure et sont en forme de cercle.

Faits Historiques.—Sur la liste des compagnons du duc Guillaume à la conquête de l’Angleterre, et dont les noms sont inscrits dans l’église de Dives, on lit les noms de Mauger de Carteret, de Honfroi de Carteret et de Roger de Carteret. . Suivant le roman de Rou, il n’y en aurait eu que deux,

Se Kartrait Onfrey et Maugier.

La famille de Carteret fut puissante en Angleterre où elle existe encore. En Normandie, elle figure dans les donations faites aux abbayes et aux églises.

Lors de la réunion de la Normandie à la France, celte famille, dont les plus importants et les plus riches domaines étaient en Angleterre, suivit le parti du roi Jean. Philippe Auguste confisqua sa seigneurie de Carteret qui, d’après le livre des fiefs du Roi, devait le service d’un chevalier : Kartraeit quam dominas Rex tenet in manu sua per escaelam débet servicium militis [3].

Tout ou partie du fief de Carteret fut remis à la famille de ses anciens possesseurs, car, d’après les rôles de Normandie que cite Laroque [4] pour les années 1271 et 1272, on trouve Renaut et Roger de Carteret sur la liste des chevaliers et écuyers qui servirent en l’ost [5] de Foix, comme devant le service d’un tiers de chevalier.

Depuis la fin du XIIIe siècle, la seigneurie de Carteret ne figura plus que comme fief-ferme dont le receveur des domaines de Valognes touchait encore les revenus en 1467.

On trouve, à la fin du XVe siècle, Philippe de Carteret, seigneur de Saint-Ouen, à Jersey. Il avait épousé Marguerite de Carteret qui, sans doute, était sa parente. Un de leurs fils, Hélier de Carteret, était bailli de Jersey, en 1518 ; ses trois frères étaient Jean, Guillaume et Pierre de Carteret.

Eu 1654, Jean de la Lutumière était seigneur de Carteret.

Les vins qu’on débarquait à Carteret étaient assujettis à un droit de prise, mentionné sous le nom de caplio, et que quelques seigneurs particuliers s’attribuèrent dans leurs fiefs ; ainsi, on lit dans un aveu de Richard de Carbonnel du 25 août 1413 :

• Se aucun vaessel portant vin arive ou entre es havres de Carteret et de Barneville ou en aucun d'iceulx, je puis » taster de tous yceulx vins et prendre et choisir ung tonnel ou autre vaessel à mon choix après le meilleur, pour le prix » que le marchand dira et jurera par serment que cousté - aura au pays ou il aura prins yceulx vins » [<a href=6].' />

Carteret avait anciennement une lieutenance d’amirauté et des salines.

On cite à Carteret une fontaine, nommée la Fontaine Saint-Germain ou de la Vallée du Pavillon, qui ne tarit jamais.

La paroisse de Carteret dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Valognes et de la sergenterie de Beaumont. Masseville y compte 68 feux imposables ; Saugrain, 120 ; Dumoulin, 80, et Expilly, 586 habitants. Sa population, en 1867, est de 524 habitants.

Source :

Notes

[1] Trigan, Bist. ecclésiastique de la province de Normandie, tom. iv, pag. 150. Mémoires delà Société des Antiquaires de Normandie, tom. xn, pag. 192, eU’Avranchin monumental et historique, par M. Le Héricber, lofD. il, pag. 2Î5.

[2] Mémoires de la Société des antiquaires de France, tom. VII, pag. 173

[3] Registrum domini régis Philippi de feodis, cl Ducarel, appendices, pag. 233.

[4] Laroque, Ancien » rôles des bans et arrière-bans, pag. 65 et 78.

[5] Armée. Le mot ost du laîih ostentio, montre, tirait son nom de la revue que chaque seigneur faisait de la personne et des armes de ses vassaux qoi se présentaient pour4e suivre à l’armée.

[6] Des revenus publics en Normandie, au XIIIe siècle, par H. L. Delisle, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 3* série, tom. î", pag. 435.