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Rauville-le-Bigot - Notes historiques et archéologiques


Rauville-le-Bigot, Radulphivilla, Redivilla, Radeivilla.

L’église paroissiale de Rauville-le-Bigot est sous le vocable de la Sainte Vierge. Le patronage en appartint à l’abbaye de Cerisy [1] jusqu’au XVIe siècle ; alors il devint laïque et le seigneur du lieu présenta à la cure. Guillaume, duc de Normandie, avait donné cette église à l’abbaye de Cerisy avee une terre en franc-alleu [2] :... etiam ecclesiam Radulphivillœ et unum allodialem in ipsa villa. Henri Ier, duc de Normandie, se trouvant à Barfleur au mois de novembre 1120, confirma cette donation : Aclum est hoc apud Rarbefluvium anno domini millesimo centesimo vigesimo. [3]

L’abbé de Cerisy prélevait deux gerbes de la dîme sur les terres défrichées ; le curé avait la troisième, deux parts sur les autres dîmes de la paroisse, des revenus en nature et une pièce de terre d’une demi-acre : et habet quandam peciam terre continentem circiter dimidiam acram. [4] La cure, dit le Livre noir, valait 80 livres, et le curé payait pour la débite huit sous sept deniers. La part de l’abbé, dans le courant du XIVe siècle, valait 24 livres 10 sous. Il payait pour droit de visite 9 deniers, pour la chape de l’évêque 2 sous, et pour le saint chrême 20 deniers.

L’abbé de Cerisy vendit, en 1577, le droit de patronage à Richard Le Berseur, afin d’acquitter des charges mises sur les biens du clergé. Le droit de patronage et de présentation à la cure appartint successivement aux familles Le Berseur, de Matignon et de Colbert. L’état de 1665 indique comme patron présentateur le baron de la Luthumière, comte de Thorigny. La cure alors valait 900 livres, payait 55 livres pour les décimes, et dépendait de l’archidiaconé [5] du Cotentin et du doyenné des Pieux.

Suivant une ancienne tradition, il y aurait eu dans cette paroisse deux monastères, l’un d’hommes et l’autre de femmes. Ce qui vient à l’appui de cette tradition, c’est qu’il existe deux ponts qui se nomment l’un le Pont à l’abbé, et l’autre le Pont à l’abbesse.

L’affixe du nom de la paroisse de Rauville est le nom d’une famille qui fut puissante en Normandie et en Angleterre.

Roger Bigot accompagna Guillaume à la conquête ; il obtint en Angleterre de grandes concessions ; il devint l’un des principaux conseillers de Henri Ier et le trésorier de sa maison. Il mourut en 1107. Hugues Bigot, son fils, lui succéda dans les fonctions de Trésorier.

Au nombre des seigneurs renommés en Normandie, pendant les XIe et XIIe siècles on voit figurer Roger Bigot, Robert Bigot, Guillaume Bigot et Hugues Bigot. [6]

Orderic Vital cite, comme seigneur anglais d’origine normande, Roger Bigot, qui a du être inhumé à Montebourg. [7] Peut-être est-ce celui qui, en 1080, signa la charte de confirmation des biens concédés à l’abbaye de Lessay, donnée à Bonneville, apud Bonam Villam, et que signèrent la reine Mathilde et ses fils, Geoffroy, évêque de Coutances, et plusieurs autres prélats et barons.

Guillaume Bigot, sénéchal de Henri Ier, périt dans le naufrage de la Blanche-Nef.

La famille Bigot dut suivre le parti de Jean-sans-Terre, car Philippe-Auguste, au mois de mai 1204, donne à Jean de Rouvral la terre de Roger Le Bigot en Normandie ; et on trouve, en 1258, au nombre des barons anglais, Roger Le Bigot, comte de Norfolck.

Guillaume Le Bigot, chevalier, figure parmi ceux qui parurent à la revue faite à Pont-Audemer, en 1378. [8]

On voit, pendant l’occupation anglaise, Louis Laporte, de la paroisse de Notre-Dame de Rauville, Ludovicus Laporte de parochia Beatœ Mariœ de Rauville, obtenir des lettres de protection de Henri V, roi d’Angleterre, qui alors se trouvait au château d’Alençon. [9]

Roissy, en 1598, mentionne comme nobles à Rauville-le-Bigot, François du Moustier, Martin Simon, anobli par une charte de 1550, et Richard Simon, anobli en 1551. Chamillard, en 1666, y trouva Jacques Simon, un des descendants de Martin Simon.

Rauville-le-Bigot dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Valognes et de la sergenterie de Tollevast. Masseville y compte 123 feux ; Saugrain, 140, et Expilly, 635 habitants. En 1867, elle a une population de 941 habitants.

Source :

Notes

[1] Un monastère dédié à saint Vigor, sous la première race des rois de France, exista à Cerisy depuis le VIe siècle jusqu’au IXe, pendant lequel il fut détruit par les Normands. Vers l’an 1030, Robert, duc de Normandie, fonda à Cerisy une nouvelle abbaye qu’il dota richement

[2] Les terres de franc-alleu étaient celles qui ne reconnaissaient aucun supérieur en féodalité, et n’étaient sujettes à faire ou à payer aucunes redevances seigneuriales. Basnage, Coutume de Normandie, art. 102, Tome I, page 170

[3] Mss. de Toustain de Billy

[4] Livre noir de l’évêché

[5] NDLR : subdivision d’un diocèse

[6] Domoulin, Histoire de Normandie, in fine, page 40

[7] Histoire des évêques de Coutances, par l’abbé Lecanu, page 552

[8] Histoire de Normandie, par Masseville, Tom. III, page 401

[9] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Tom. XV, page 279