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Yvetot - Notes historiques et archéologiques


Yvetot, Yves-tot ; on écrit aussi Ivetot.

On sait que ot, en langue saxonne, signifie lieu, demeure ; Yvetot signifie donc demeure, habitation d’Yves.

L’église d’Yvetot est cruciforme et présente quelques parties intéressantes ; le mur absidal est percé de trois fenêtres en ogive, longues et étroites. Le chœur est voûté en pierre avec arceaux croisés, tombant sur des colonnes à chapiteaux garnis de crochets. Il est éclairé au sud par deux fenêtres du XIIIe siècle, et le mur du même côté est garni de modillons et de dents de scie.

La nef n’offre pas d’intérêt.

Les deux chapelles au midi et au nord sont du XVe siècle. Leurs voûtes sont en pierre et soutenues par des arceaux. On remarque dans le mur septentrional de l’une de ces chapelles une porte du XVe ou XVIe siècle, dont l’arcade est en accolade. La chapelle du côté nord est garnie d’une crédence de la même époque que la porte.

La tour de forme quadrangulaireet placée au nord, à l’extérieur, à la hauteur du chœur, se termine par un toit à double égout. Le portail de l’église est du XVe siècle ; il est voûté en pierre et s’ouvre par une arcade en ogive. Un banc en pierre existe de chaque côté.

Cette église est sous le vocable de saint Georges. Elle était taxée à 45 livres pour les décimes, et dépendait de l’archidiaconé [1] du Cotentin et du doyenné d’Orglandes. L’évêque de Coutances en avait le patronage. L’abbaye de Saint-Lo avait à Yvetot des droits de dîmes que l’évêque Algare lui avait concédés par une charte de 1142 ou 1143, et qui lui furent successivement confirmés, en 1175, par Rotrou, archevêque de Rouen, et par Henri II, roi d’Angleterre, par une charte donnée, à Valognes, postérieurement à l’année 1179, en présence de Guillaume du Hommet, connétable de Normandie.

Une partie des revenus de cette église formait une des prébendes de la cathédrale de Coutances. Le chanoine prébendé avait deux gerbes de la dîme, sur lesquelles l’abbé de Saint-Lo percevait la dixième partie ; l’archidiacre avait l’autre tiers des dîmes, et le vicaire avait l’autelage. L’abbesse de Caen avait aussi à Yvetot des droits pour une valeur de 19 livres.

La cure, en 1665, valait 800 livres.

On voyait autrefois dans l’église d’Yvetot un monument funèbre, élevé à la mémoire d’Antoine de la Lutumière, mort en 1619. Plusieurs membres de la même famille ont eu leur sépulture dans l’église d’Yvetot.

Lorsqu’en 1250 Odon Rigaud, archevêque de Rouen, visita les maisons religieuses de la Basse-Normandie, il vint, le 6 août, loger à Yvetot, au manoir de l’archidiacre Jean d’Essey, depuis évêque de Coutances. [2]

Le 4 mars 1283, Philippe-le-Hardi, roi de France, vendit à l’archidiacre Gautier de Chambly, moyennant 100 livres tournois, un manoir qui lui appartenait par suite de la mort de l’archidiacre qui l’avait possédé, lequel était mort en état de bâtardise : Manerium de Yvetot prout se comportat, quod fuit Magistri Johannis de sancto Peregrino, quondam archidiaconi de Costentino in ecclesia Constantiensi ; quod quidem manerium propter bastardiam dicti archidiaconi, ad nos advenerat, vendidimus ..... [3]

Robert d’Harcourt, archidiacre et bientôt évêque de Coutances, acheta cette maison, en 1288, et la donna aux archidiacres, ses successeurs, à charge de faire acquitter des obits. L’acte de fondation fut suivi de la ratification de l’évêque de Coutances, Eustache 1er.

La cathédrale de Coutances avait à Yvetot une prébende qui donnait droit à une partie des dîmes de la paroisse. Guillaume Quetil était chanoine prébendé d’Yvetot, en 1532, et grand vicaire in temporalibus et spiritualibus de l’évêque René de la Trémouille

La chambre des Comptes de Normandie, en 1648, confirma et approuva un contrat fait entre les sieurs de Briquebosc et d’Yvetot, et portant désunion du fief d’Yvetot de celui de Saint-Michel - Psalmouville, appartenant audit sieur de Briquebosc. [4]

On trouve comme seigneurs d’Yvetot, en 1666, le baron de la Lutumière, et en 1789, Louis-Jean-Baptiste-Antoine Colbert, marquis de Seignelay, seigneur de Blainville, Crevon, Saint-Aignan et autres lieux.

Montfaut, en 1463, trouve nobles à Yvetot Guillaume Letellier, chevalier, Jean Blondel et Jean Guillot.

Roissy, en 1599, y admit une famille Cardonne, à laquelle il avait donné un délai de trois jours pour justifier de sa noblesse, et une autre famille du nom d’Hervieu.

Chamillard, en 1666, admit parmi les anciens nobles, à Yvetot, André et François Poisson, Jean de Montfiquet, et comme anoblis Michel Frollant et Jean Leverrier. La noblesse du premier datait de 1578, et celle du second de 1544.

La paroisse d’Yvetot dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Valognes et de la sergenterie de Beaumont. Suivant Masseville, elle avait, en 1722, 212 feux ; elle compte, en 1866, 1,137 habitants.

On a découvert plusieurs fois, à Yvetot, des haches ou coins en bronze de l’époque celtique.

Il existait à Yvetot plusieurs manoirs importants dont il ne reste que les dénominations. Un de ces manoirs nommé la ferme d’Azyr, a fourni le surnom du célèbre Vicq d’Azyr qui, ainsi qu’on l’a vu précédemment, était né à Valognes, dans le XVIIIe siècle.

Source :

Notes

[1] NDLR : subdivision d’un diocèse

[2] Registrum visitationum archiepiscopi Rothomagensis, pag. 89

[3] (2) Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Tome XVI, pag. 364, n° 1022

[4] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Tome XVIII, pag. 177, 2e col