Le50enligneBIS
> Paroisses (Manche) > tuv > Vindefontaine > Histoire > Vindefontaine - Notes historiques et archéologiques

Vindefontaine - Notes historiques et archéologiques


Vindefontaine, Vindefons, Vinum Fontis, Vindefontenum. On trouve écrit aussi Vin-de-Fontaine.

Cette paroisse est quelquefois désignée sous le nom d’Ondefontaine.

Il existe, dans la paroisse, au village des Fontaines, une belle et abondante source qui forme fontaine. On sait que dans le moyen-âge, on nommait regard la pièce d’eau dans laquelle on pouvait se mirer, et que le mot scandinave wide signifie voir, se regarder. Le mot Vindefonlaine indiquerait donc une fontaine dans les eaux de laquelle on peut se voir, se mirer. Je donne cette étymologie sans y attacher aucune importance.

L’église qui se compose du chœur, d’une nef et de deux chapelles, paraît appartenir en partie au XIIIe siècle ; mais je la crois plutôt de la première moitié du XIVe.

Des colonnes cantonnées le long des murs du chœur aujourd’hui voûté en bois, peuvent donner à penser qu’autrefois la voûte du chœur a été en pierre. Cette partie de l’église est éclairée au nord par deux fenêtres lancettes, et au midi par deux fenêtres à ogive, sans autre caractère. On remarque dans le mur méridional une porte à ogive qui annonce le XIIIe siècle ; elle est aujourd’hui murée.

Les fenêtres qui éclairent la nef sont rondes et sans intérêt. Chaque chapelle est garnie d’une crédence du XVe siècle.

Le tour, placée entre chœur et nef, est quadrilatère, massive, couronnée par un toit en bâtière et garnie au nord et au sud de modillons supportant un petit canal, dans lequel tombent les eaux qui s’écoulent par des gouttières ou gargouilles. Une baie divisée par un meneau de pierre en forme de croix est ouverte dans chaque façade. La partie inférieure de cette tour est voûtée en pierre et paraît appartenir au XIIIe siècle. La forme des arceaux croisés, celle des moulures qui tapissent les chapiteaux des piliers soutenant les arcades à ogive de la tour, tout semble annoncer cette époque ; cependant quelques-uns des crochets ou volutes sont un peu évasés et épanouis, ce qui dénoterait le XIVe siècle.

On a adossé au mur absidal, qui se termine par un pignon triangulaire, une sacristie dont les murs sont à pans coupés.

La croix du cimetière, sur laquelle est un petit Christ, offre cette particularité que son arbre est écoté, c’est-à-dire semé et hérissé de pointes et de nœuds, comme en offre un arbre nouvellement émondé. Son dé ou piédestal à pans coupés est établi au-dessus de plusieurs marches, aussi à pans coupés.

Quelques pierres tumulaires se voient dans le cimetière. Leurs inscriptions détruites par le temps sont illisibles ; une d’elles qui abrite les restes d’un prêtre, porte la date 1736.

La cloche que renferme la tour date de l’année 1771. Elle fut bénite par Thomas Cauchard, curé de Vindefontaine, et nommée "Marie par haut et puissant seigneur Marie François Henri de Franquetot, duc de Coigny, seigneur et patron de cette paroisse et autres lieux, maréchal des armées du roi, gouverneur des ville et château de Caen".

L’église est sous le vocable de saint Martin. Elle payait une décime de 91 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné du même nom. Le patronage, dans les XIIIe et XIVe siècles, appartenait à l’abbé de Saint-Etienne de Caen ; mais il était devenu laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Guillaume d’Aubigni, Guillaume d’Orval et Philippe de Beaumont avaient donné à l’abbaye de Saint-Etienne cette église, qui alors se nommait Saint-Martin-d’Ondefontaine. Grégoire, fils de Roger Viredent, y ajouta son droit de présentation et de patronage. Le persona, [1] à l’époque de la rédaction du Livre noir, était seul décimateur, et le vicaire n’avait que le casuel. Dans le XIVe siècle, le curé avait toutes les dîmes, un manoir presbytéral, environ un acre de terre aumônée, et chaque année, 60 boisseaux de froment à la mesure de la paroisse. Il payait 15 sols pour la chape de l’évêque, 3 sols pour droit de visite, et 20 deniers pour le saint chrême.

Il y avait dans la paroisse une chapelle annexée à l’église ; elle était sous le vocable de saint Laurent : Ibidem est, dit le Livre blanc, capella beati Laurentii dicte ecclesie annexa.

La voie romaine, dite le chemin Perrey, allant d’Alauna, Valognes, à Cosedia, Coutances, se croisait au ruisseau de Vindefontaine avec une autre voie romaine se rendant de Grannonum, Portbail, à Crociatonum, Saint-Côme. A l’intersection de ces deux voies, on trouva, il y a environ trente ans, une médaille en or de l’empereur Dioclétien. Cette monnaie rare était parfaitement conservée.

On trouve à Vindefontaine cette pierre noire et rouge qu’emploient les ouvriers en bois ou en pierres pour tracer des lignes ou des figures graphiques.

Des argiles plastiques ou terres à potier s’y rencontrent aussi et ont éveillé les spéculations de l’industrie. Vindefontaine renferme en effet quelques fabriques d’une poterie commune et vernissée, dont les produits se vendent dans le pays, ou sont employés à transporter à Paris les beurres d’Isigny. L’expérience prouve que cette poterie conserve mieux le lait et le beurre et qu’elle a cet avantage avec les terrines en grès de Noron. [2] Cette industrie est malheureusement stationnaire ; elle offre peu de bénéfices, et ne peut soutenir la concurrence des faïences et des porcelaines qui, avec le luxe, ont pénétré dans toutes les classes de la société et remplacé les anciennes faïences et les anciens vases en terre cuite.

Source :

Notes

[1] On désignait quelquefois le curé d’une paroisse par le mot persona, et la cure par celui de personnat : In aliquibus locis rectores ecclesiarum vocantur personae.—Personatus, Personat, bénéfice ou cure

[2] Noron, dans l’arrondissement de Bayeux, possède une fabrique importante de poterie