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FRÈRE, Edouard

Dernier ajout : 15 novembre 2009.

Édouard-Benjamin Frère, né le 27 septembre 1797 à Rouen où il est mort le 7 avril 1874, est un libraire, archiviste, historien et bibliographe français.

Fils et petit-fils de libraires, son éducation lui permettait l’accès de toutes les carrières libérales, mais Édouard Frère trouva dans son berceau un goût irrésistible qui le poussait vers les livres et auquel il est resté fidèle jusqu’à la mort. Il succéda en 1827 à son père dans la librairie importante et presque séculaire déjà, que Jacques-Christophe Frère exploitait alors à Rouen, sur le port, et dont Dibdin parle en termes humoristiques dans son Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France, traduit de l’anglais par Théodore Licquet.

Il fut, de 1827 à 1842, un de ces libraires érudits et appliqués qui rendaient autant de services aux lettres que les écrivains, et sut continuer les traditions des éditeurs rouennais les plus renommés en entreprenant d’importantes publications, toutes relatives à la Normandie, sans reculer devant les sacrifices souvent considérables qu’elles imposaient à sa fortune. Pour illustrer ces ouvrages, il recourut maintes fois recours à la main fine et délicate d’Eustache-Hyacinthe Langlois, dont il aimait le style et aimait à encourager le talent.

Quand il eût fait ample provision de science, il crut pouvoir écrire à son tour, et comme il était passionné pour les traditions et les annales locales, et qu’il les connaissait autant qu’homme au monde, après avoir été, pendant de longues années, l’éditeur intelligent et heureux des publications normandes les plus remarquables, il vendit, en 1842, sa librairie à Lebrument, et fit paraître successivement des notices très érudites sur divers points de l’histoire de Normandie, et notamment sur les libraires et les livres anciens. Ces études locales réussirent, et Frère s’attela à la rédaction de son œuvre capitale, le monumental Manuel du Bibliographe normand, produit de ses immenses recherches et de renseignements communiqués par plusieurs savants normands qui lui prit cinq ans à compléter, et qui fut les mains de tous les érudits, et auquel il dut la meilleure part de sa notoriété bibliographico-littéraire. Cet ouvrage, résultat de ses immenses recherches et des nombreux renseignements qui lui avaient été communiqués par plusieurs savants normands, répondit parfaitement à ce que promettait son titre.

Nommé, en 1846, secrétaire-archiviste de la chambre de commerce de Rouen, il rendit dans ces fonctions des services importants au commerce maritime et industriel de sa région. Son instruction étendue, son application constante, son discernement et son esprit de sagesse étaient appréciés par les membres de la Chambre de Commerce, qui aimaient à recourir à ses lumières et à son expérience. Ses profondes connaissances et ses travaux si sérieux l’amenèrent en 1869 à la direction de la bibliothèque municipale de Rouen, laissée vacante par la mort de Louis Bouilhet, et pendant les quelques années qu’il y resta, il ne cessa de s’y livrer, comme toute sa vie, à un travail des plus étendus.

Admis à l’Académie de Rouen en 1845, Frère en devint l’un des membres les plus assidus et les plus laborieux, enrichissant chaque année son précis ou ses archives de travaux d’un mérite et d’un intérêt unanimement reconnus. Ses recherches sur les premiers temps de l’imprimerie en Normandie, sa notice sur l’imprimerie et la librairie à Rouen, dans les XVe et XVIe siècles, ses considérations sur les origines typographiques, une Histoire complète de l’imprimerie en Normandie encore manuscrite, le Catalogue raisonné des manuscrits normands de la Bibliothèque de Rouen, etc., montrent la prédilections portée par Frère à ce qui se rattachait aux livres ; mais il n’était pas exclusif, et faisait de temps à autre des excursions dans le domaine des lettres. C’est ainsi qu’il publia les Fragments littéraires de Jeanne Grey, une notice sur les ménestrels en France et en Angleterre, sur la Littérature scandinave, une page de l’histoire des Palinods. Cette dernière production marqua son année de présidence, l’Académie de Rouen l’ayant appelé à diriger ses travaux en 1867.

En 1869, l’administration municipale confia la conservation de la riche et importante bibliothèque de la ville de Rouen à Frère, qui s’occupa, dès le premier instant, de compléter le classement et de réviser, en l’augmentant de notes nombreuses, le catalogue du dépôt remis entre ses mains. Dans une vie de soixante-seize ans, Frère ne connut pas un instant de relâche, car la mort vint le surprendre au moment où il venait de terminer l’impression du Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque municipale de Rouen, relatifs à la Normandie.

Il était membre de la Société libre d’émulation de la Seine-Inférieure depuis 1828, ainsi que de la Société des antiquaires de Normandie et de la Société des bibliophiles normands.