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Equilly - Notes historiques et archéologiques


Equilly, Aquilie, AEquilies, Helquilly, Esquileyum.

Le nom d’Equilly paraît dériver du mot latin aqua, exaquis, et indiquer un lieu entouré d’eaux.

L’église est insignifiante. Elle appartient à la période moderne, et peut remonter à un siècle et demi. Les fenêtres qui l’éclairent sont rondes et sans caractère.

La tour est placée à l’extérieur, vers le nord, entre chœur et nef. Terminée en bâtière, on a eu le mauvais goût d’élever au-dessus une petite flèche.

Le chœur, la nef et les deux chapelles sont voûtés en bois. Un porche à plusieurs ouvertures cintrées précède l’église.

Sur deux pierres tumulaires, près de l’autel, on lit : [1]

CY - GIT - M. - THOMAS - LETOURNEUR
Ptre - CURE - DE - CE - LIEU
LE - 17 - AVRIL - 1735.
*****
CY - GIT - M. - JEAN - LETOURNEUR
Ptre - DE - CETTE - PAROISSE
DECEDE ......1755
 [2]

L’église d’Equilly n’était pas anciennement où nous la voyons aujourd’hui. Elle a été construite pour remplacer la chapelle qui existait dans un endroit voisin, nommé le Clos Campin.

Elle est sous le vocable de sainte Anne. Elle était taxée à 30 livres pour décime, et dépendait de l’archidiaconé du Val-de-Vire et du doyenné de Gavray.

Le patronage de l’église, d’après le Livre noir et le Livre blanc, appartenait au doyen de Mortain ; patronus decanus de Moretonio ; mais suivant l’état des paroisses, dressé en l’année 1665, il appartenait au baron d’Aspre, seigneur d’Equilly. Dans le XIIIe siècle, le doyen de Mortain prenait deux gerbes : percipit duas garbas, mais sans le consentement du chapitre, sine confirmatione capituli ; le curé avait la troisième et l’autelage, c’est-à-dire le casuel : rector percipit terciam garbam cum altalagio ; ce qui valait au curé 28 livres, et au prieur 32 livres.

Faits historiques

Lorsque Robert, comte de Mortain fonda dans sa ville un chapitre de chanoines, il donna à cet établissement religieux la dîme de sa forêt d’Equilly, et decimam foreste de Esquileyo ; la dîme aussi de sa châtaigneraie, de ses vacheries et de ses porcheries, et dec imam castanearie vaccariarum et porcariarum ; deux parts de la dîme de ses fermes, duas partes decime villanorum ; sa chapelle d’Equilly, et capellam de Esquileio, avec la dîme de ses domaines, cum décima dominiorum. [3]

Des aveux, rendus au roi dans les XIVe et XVe siècles, nous prouvent aussi que les fiefs d’Equilly, ainsi que ceux de Folligny et de Beauchamps, dépendaient de l’ancien comté de Mortain. On lit dans des actes de 1327 que «  Raol de Sainte Marie, tient du roy nostre sire en la comté de Mortaing à Esquilly une vavassorie franche à court et usage qui vaut bon au mal an 75 liv. ou viron. »

A la même époque, « que M. Ollivier de Champeaus tient son fief d’Equilly de M. Guille. Charbonnel seigneur de Bronges et en rent une livre de poyvre [4] de foy et hommage et vaut de revenu 50 liv. tournois ou viron. »

En l’année 1421, il y eut une « reveue de messire Guillaume des Biards chevalier banneret faicte au Mont-Saint-Michel. » On y voit figurer le seigneur d’Esquilly.

Au nombre des 119 gentilshommes qui, en 1423, défendirent le Mont-Saint-Michel contre les Anglais, on trouve G. de Helquilly et J. d’Esquilly.

Dans le cours du XVIIe siècle, il n’y avait dans la paroisse d’Equilly qu’un fief noble, nommé le Fief d’Equilly, consistant en manoir seigneurial, cour, étang, colombier et moulin banal. Il appartenait alors à Michel d’Esté, seigneur du lieu.

De Sainte-Marie-d’Aspre possédait le moulin d’Equilly, qui relevait du fief, et valait 80 livres de revenu.

Après Michel d’Esté, on voit figurer messire Julien-Joseph de Sainte-Marie, chevalier, seigneur et marquis d’Auvers, seigneur et patron d’Equilly, Champeaux et autres lieux. Le fief de Champeaux dépendait de celui d’Equilly.

Dans le XVIIIe siècle, on trouve Michel de Sainte-Marie-d’Aspre, comme seigneur et patron d’Equilly, Avenay et Champeaux. Sa veuve, Marie de la Belinaye, mourut en 1761.

Le fief d’Equilly passa ensuite par héritage à messire Jacques Morin, chevalier, seigneur de la Rivière, seigneur et patron de plusieurs paroisses.

Jacques Morin vendit le château ou manoir d’Equilly à Gille Vasse.

M. Hauduc, ancien inspecteur des domaines, est aujourd’hui propriétaire du manoir et du domaine d’Equilly.

Le manoir d’Equilly se compose d’une maison d’habitation avec deux pavillons. On y arrive par de belles avenues.

On remarque dans le jardin, où existe une grande pièce d’eau, un cadran solaire et lunaire en pierre, en forme de sphère : il porte la date de 1671 et le nom de Sainte-Marie, qui est celui de l’un des anciens propriétaires du fief d’Equilly ; M. Hauduc le conserve avec soin. [5]

En l’année 1741, Julien-Joseph de Sainte-Marie donna aux curé, syndic, trésorier et paroissiens d’Equilly une pièce de terre, nommée le Clozet, afin d’y bâtir une maison pour deux sœurs de charité, dites Sœurs grises, chargées de soigner les pauvres malades de la paroisse, et de tenir une école gratuite et de charité pour les filles. Il donna en outre, en faveur de cette institution, une rente de 300 livres à prendre sur le fief, seigneurie, château et domaine d’Avenay. [6] Il concéda encore une autre pièce de terre, appelée les Basnieres, pour y construire une maison d’école de garçons, et il constitua une rente de 150 livres au profit du maître d’école. La commune d’Equilly jouit encore de ces actes de bienfaisance.

Source :

Notes

[1] voir Équilly - église et MaM, photos 21 à 24

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21 Thomas LETOURNEUR
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22 - Thomas LETOURNEUR détail
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23 3 des pierres tumulaires
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24 Jean LETOURNEUR

[2] NDLR : date pas très "lisible"

[3] Voir la charte de fondation, vidimée en 1330 par Philippe de Valois, et publiée, dans ses Annales religieuses, par le savant abbé Desroches, curé d’Isigny, dans l’arrondissement de Mortain, et membre de plusieurs sociétés savantes.

[4] On trouve souvent, dans les actes des XIIIe et XIVe siècles, des donations ou des rentes d’une livre de poivre faites à des abbayes, ou des concessions de terres à charge de service, d’hommage et de deux livres de poivre.

[5] M. Hauduc, depuis plusieurs années, se livre à l’agriculture en homme actif et intelligent. Il a fait exécuter des défrichements, et il a amélioré des terrains d’un faible produit. Il a donné l’exemple des bonnes méthodes de culture et de l’usage des instruments perfectionnés, signalés par la science et l’expérience. Dans les concours, ses animaux sont toujours primés. L’Association normande, en 1844, lui décerna une médaille d’argent dans une des séances générales du Congrès agricole et industriel qui eut lieu à Coutances. On peut dire qu’il a donné dans sa contrée une utile impulsion à l’agriculture. Il est peu de propriétés cultivées avec autant de soin et d’intelligence que le beau domaine d’Equilly. Je dois à M. Hauduc plusieurs renseignements sur Equilly. Je le prie d’en recevoir l’expression de ma reconnaissance.

[6] Commune de l’arrondissement de Caen.