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Beuzeville-la-Bastille - Ancien château


NDLR : Texte de 1824 : Voir source en fin d’article


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deux lieues au midi d’Orglandes, à l’extrémité méridionale de l’arrondissement de Valognes, on trouve, dans la petite paroisse de Beuzeville-la-Bastille, l’emplacement d’un château-fort, et la ruine de la tour quarrée dont la paroisse tire son nom. Le gué qu’on trouve en cet endroit de la rivière, y a fait placer la tour de la Bastille : le castel, autre forteresse, est un peu plus bas, dans la même paroisse.

J’ignore l’époque de la construction du château : celle de la Bastille remonte seulement au XIVe siècle. Elle fit alors changer le surnom de la paroisse qui s’appelait auparavant Beuzeville-la-Chaussée. [1]

Dans un acte de l’année 1376, cité par Dom Le Noir dans le livre intitulé La Normandie, pays d’Etats, [2] on voit que, pour resserrer la garnison anglaise de Saint-Sauveur-le-Vicomte, l’amiral Jean de Vienne prit cette année plusieurs forteresses, et entre autres la Bastille de Beuzeville, qu’il avait enforchiée (fortifiée).

Quelques années après, le seigneur de la Ferté, chargé de répartir soixante-dix hommes d’armes dans les places-fortes du Cotentin qui en avaient le plus de besoin, en mit dix à Beuzeville.

L’histoire du connétable de Richemont indique le château et la Bastille de Beuzeville, parmi les forteresses du Cotentin qui furent reprises aux Anglais en 1449. [3]

Les ruines de la Bastille consistent en un reste de tour quarrée, penchée au bord de l’Ouve, d’une manière assez pittoresque ; on y voit des fondations d’ouvrages accessoires.

Le castel est un peu plus bas, au midi de la rivière, à l’entrée du marais de Beuzeville ; une partie de son enceinte existe encore. Les fosses, qu’on pouvait à volonté remplir d’eau, et l’inondation du marais, en faisaient toute la force. On n’y retrouve aucune trace de maçonnerie.

La tour de la Bastille n’est pas tellement ruinée qu’on ne puisse encore bien reconnaître une partie de ses détails. Au commencement de la révolution, elle était presque entière : on y a monté la garde en 1792, et l’on a fait du feu dans la cheminée, dont on voit encore la place : le toit n’a été enlevé que depuis ce temps. Dans l’appartement où est la place de la cheminée, on remarque, vers le midi, les rainures qui servaient à passer les chaînes du pont-levis ; à l’extérieur, du même côté, on voit les restes de la maçonnerie d’une pile de pont : une partie de la rivière passait de ce côté, de manière que la Bastille était réellement dans une île.

La tour avait environ trente-cinq pieds de hauteur ; une platte-forme avec son parapet régnait autour du toit : je n’ai point trouvé de traces de crénaux ou de machicoulis.

Toutes les ouvertures étaient carrées ; les pierres de taille en ont été enlevées durant la révolution.

Il y avait, dit-on, deux autres tours à la Bastille ; ce qui est assez probable, car on voit les restes d’une enceinte dans une pièce contiguë, nommée les Terrasses, au levant de la tour actuelle.

Cette ruine a été dessinée par M. Dennys Herbert, fils du colonel anglais Herbert, qui réside depuis quelques années à Valognes, et par un dessinateur qui ne m’est pas connu. Je possède une copie du dessin de M. D. Herbert.

La Bastille était située sur le fief de Pleinmarais, dépendant de la baronnie de Varenguebec. Ce fief, possédé en 1400 par un seigneur du nom de Carbonnel, passa par mariage à un d’Orglandes, fut long-temps possédé par les Simon, vint aux Gourmont, et enfin aux Thieuville. Madame la marquise de Thiboutot, née Thieuville, qui en est aujourd’hui propriétaire, y fait sa résidence.

J’aurai occasion de citer les armes des Carbonnel et des Thieuville, en parlant de Canisy et du Mesnil-Garnier. Les Simon-de-Pleinmaresg portaient de sinople à trois lionceaux d’argent, et les Gourmont, d’argent au croissant au chef de gueules, chargé de trois roses d’or.

Le castel de Beuzeville relevait directement de la châtellenie de Varenguebec, réunie, long-temps avant la révolution, au duché de Coigny. Cette châtellenie a été l’objet de mes recherches : je vous en parlerai quand nous serons arrivés à l’arrondissement de Coutances ; mais nous avons encore auparavant une longue tournée à faire dans celui de Valognes.

Source :

Notes

[1] Archives de Varenguebec, au château de Coigny.

[2] Page 52.

[3] Hist. du connétable de Richemont, par G. Gruel, p. 139.