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Saint-Floxel - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1870, Voir source en bas de page.


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aint-Floscel ou Saint-Floxel, Sanctus Floscellus ou Floxellus.

L’église paroissiale de Saint-Floxel, sauf les retouches, est du XIe siècle ; on remarque dans ses murs des assises de maçonnerie en arêtes de poisson ; elle est surmontée d’une tour percée de baies romanes et soutenue par quatre arcades cintrées qui sont aussi du XIe siècle. On pense que l’église actuelle a pu remplacer un monument religieux plus ancien dédié à saint Floxel ; car les terrains autour de l’église sont remplis de cercueils en tuf, qui sont sans doute ceux des personnes qui auront voulu reposer près du lieu, consacré à l’un des premiers apôtres du Cotentin.

Floscel, originaire du Cotentin, se trouvait, suivant la légende, à Bayeux, à l’époque de la persécution exercée par Dioclétien contre la religion chrétienne. Sommé de renier sa foi, il refusa ; il allait subir le martyre sur un bûcher, quand une pluie torrentielle vint éteindre les flammes. Il fut sauvé pour quelques instants seulement ; car le lendemain il mourut frappé par le glaive. De pieux nautonniers enlevèrent le corps de Floscel et le portèrent dans le lieu où il était né, et qui de son nom s’appelle de nos jours Saint-Floxel. [1]

L’église est sous le vocable de saint Floxel ; elle était taxée pour les décimes à 40 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Valognes. Son patronage, dans le cours du XIIe siècle, était en litige entre l’abbaye de Montebourg et celle de Saint-Georges-de-Bocherville ; [2] mais les deux abbés transigèrent ; car on lit en parlant de l’abbé de Saint-Georges-de-Bocherville : Pepigit anno 1455 cum Waltero Montisburgi abbate super ecclesiam Sancti Floscelli. [3] Ce fut sans doute à la suite de cette transaction que le patronage devint alternatif. Dans le cours du XIIIe siècle, les deux abbés se partageaient les dîmes. Le vicaire ou curé n’avait que le casuel qui lui valait 25 livres, ce qui était moins que suffisant, dit le Livre noir ; il payait 15 sous pour la débite. Dans le siècle suivant, les deux abbés n’avaient plus que les grosses dîmes ; le curé avait les autres.

En 1665, l’église n’avait plus qu’un patron, l’abbé de Montebourg. La cure valait 500 livres.

Une chapelle Sainte-Madeleine était réunie à l’église, que adjuncta est, dit le Livre blanc, dicte ecclesie.

En 1145, le pape Eugène III confirme au chapitre de Coutances une terre située à Saint-Floxel ; elle lui avait été donnée par Louis Hébert. En 1154, Richard de Bohon confirme à l’abbaye de Montebourg l’église de Saint-Floxel, qui lui avait été donnée par Richard de Vernon et Lucie, sa mère.

Henri Ier, roi d’Angleterre, donna à Sainte-Marie de Montebourg des biens situés à Saint-Floxel : la terre de Ranulphe de Scamercon, et la terre d’Albéric, camérier de la Reine, laquelle est sise à Tourp, et terram Alberici camerarii Régine, que est apud Turpum. [4]

Il se tient, le 17 septembre, à Saint-Floxel, une des foires les plus importantes du Cotentin, et qui doit son origine au concours des nombreux pèlerins qui, le jour de la fête du saint, se rendaient à son tombeau.

Dans son travail sur les foires du département de la Manche, M. Léopold Delisle donne d’intéressants détails sur cette foire, qui appartint d’abord aux seigneurs de Tancarville, et ensuite à l’abbaye de Montebourg. En 1234, Lucie du Hommet donna aux religieux de Saint-Georges-de-Bocherville, près de Rouen, une rente de 10 sous tournois sur la foire Saint Floscel, dont ils contestaient la propriété à ladite dame. Dans le principe, l’abbaye de Montebourg ne prenait qu’une rente de 60 sous sur les fermiers de cette foire. Mais, dans son aveu de 1426, l’abbé de ce monastère s’attribue le droit même de la foire Saint-Floscel, et dans un terrier rédigé vers le milieu du XVe siècle, les religieux disent : Nous avons à Saint-Floscel une foire le jour Saint-Floscel. Elle vaut, année commune, environ 25 livres. Nous avons par la main du verdier de Valognes, dans le bois de Montebourg, neuf pièces de chêne pour faire la feuillie (estrade où se tenait la juridiction) de ladite foire. Le lendemain, après les plaits et la recette des aides, notre prévôt a coutume de prendre la feuillie. Les reséants du fief au Machon, du fief ès Thomas, du fief au Long, du fief Jean Le Cerf et du fief Hare doivent couper le bois, l’apporter et dresser la feuillie. Les aînés [5] de ces cinq fiefs doivent garder la foire de jour et de nuit, pendant 24 heures, sous peine d’une amende arbitraire. Le forestier qui délivre la feuillie a 12 deniers pour son salaire ; chacun des cinq aînés reçoit un denier et le prévôt 12 deniers. [6]

L’abbé de Montebourg percevait, au XVIe siècle, sur des fiefs de la paroisse Saint-Floxel, un droit de trois sols sur les aînés qui mariaient leurs filles en dehors du fief sur lequel ils demeuraient, ou plutôt en dehors du fief seigneurial dont la roture dépendait. [7]

Le même abbé de Montebourg percevait à Saint-Floxel la moute de ses resséants (moute personnelle) et la moute des terres de son fief (moute réelle). Pour celle-ci, une partie des terres était abonnée et s’acquittait par une rente dont le montant était soit fixé à l’amiable, soit déterminé par une charte ; pour l’autre partie des terres, on payait chaque année en raison du produit des terres. [8]

Il a dû exister une maladerie dans la paroisse de Saint-Floxel ; mais M. Lechaudé d’Anisy ne l’a pas mentionnée dans son travail sur les léproseries et maladeries en Normandie. Je ne l’ai trouvée citée que par M. l’abbé Lecanu. [9]

Montfaut, en 1463, mentionne à Saint-Floxel Guillaume de Faoucq, Robert Marie et Jacques Daufresne.

Roissy, en 1599, y trouva noble Thomas, sieur du Saussey, fils de Robert.

Chamillard, en 1666, y reconnut et maintint nobles Jean et Nicolas Michel, Bon et René Thomas.

La paroisse de Saint-Floxel relevait de l’intendance de Caen, de l’élection et de la sergenterie de Valognes. En 1722, elle comptait 105 feux imposables et, en 1762, 410 habitants ; elle a, en 1869, 561 habitants.

Source :
Histoire et antiquités - Notes historiques et archéologiques, par M. Renault
Annuaire du Département de la Manche, Volumes 42 à 45 - Années 1870 à 1873 (Canton de Montebourg), pages 63 à 66

Notes

[1] La vie de saint Floscel, composée au plus tard au IXe siècle, se trouve, suivant M. Léopold Delisle, dans les manuscrits suivants : n° 156 de la bibliothèque de l’école de médecine de Montpellier ; n° 1, tome II du même dépôt ; n° 5333 du fonds latin de la bibliothèque impériale ; n° 1, tome II du fonds de Saint-Martin-des-Champs ; n° 58, tome V du fonds des Feuillants ; n° 1193 du résidu de Saint Germain.

[2] Raoul de Tancarville, chambellan du duc Guillaume, fit construire à Bocherville (Seine-Inférieure), dans le cours du XIe siècle, une église que desservit un collège de chanoines ; mais, en 1114, Guillaume, l’un des fils du fondateur et chambellan de Henri Ier, transforma la collégiale en abbaye sous le titre de Saint-Georges-de-Bocherville.

[3] Gall. christ., tom. XI, col. 270.

[4] Le Tourp, à Saint-Floxel. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 164, n° 737.

[5] L’aînesse était un tènement ou héritage divisé entre plusieurs personnes. Un ténancier principal nommé aîné s’acquittait des devoirs envers le seigneur, et les puînés, c’est-à-dire les cotenants, payaient à l’aîné leurs parts des redevances. Merlin, Répertoire de jurisprudence, V. Aînesse ; Basnage, sur l’article 175 de la Coutume de Normandie.

[6] M. L. Delisle, Notes sur les anciennes foires du département de la Manche, Annuaire, pour 1850.

[7] Annuaire du département de la Manche, 1861, pag. 354 et 355.

[8] M. Léopold Delisle, Etude sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie au moyen âge, pag. 522 et 523.

[9] Histoire des Evêques de Coutances, pag. 176.