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Montfarville - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1872, voir source en bas de page.


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ontfarville, Morfarvilla. Montfarvilla. On trouve aussi Morfarville.

Le clocher de l’église de Montfarville sert de guide aux marins dans le passage difficile de l’énorme remous formé par les courants de la mer, et connu sous le nom de raz de Barfleur.

L’église paroissiale est sous le vocable de Notre-Dame ; elle était taxée à 76 livres pour les décimes, et dépendait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Saire. L’abbaye de Montebourg en avait le patronage qu’elle tenait de Sanson de Morfarville, qui le lui avait donné vers la fin du XIe siècle, avec la foire, les terres, les dîmes et toutes leurs appartenances. Cette donation fut faite du consentement de Robert du Neufbourg et de ses frères, et confirmée, en 1159, par Richard de Bohon, évêque de Coutances ; et ecclesiam de Morfavilla cum feria, et terris et decimis et omnibus ad eam pertinentibus. L’abbaye, d’après le Livre noir de l’évêché, avait les deux tiers de la dîme des gerbes, de l’aulelage et des droits d’inhumation ; le curé avait le surplus. Lors de la rédaction du Livre blanc, le patronage appartenait encore à l’abbé de Montebourg, et les revenus se partageaient dans la même proportion entre lui et le curé. En 1665, l’abbé de Montebourg était toujours patron de l’église de Montfarville, et la cure valait alors 1,000 livres de revenu.

Il existait, dans la paroisse, en 1369, trois chapelles : la chapelle de Saint-Denis, dont le roi avait le patronage, et qui, d’après le Livre blanc, valait 8 livres de revenu ; la chapelle du château, annexée à l’église, et celle de la léproserie, où le curé devait célébrer la messe, le jour de la fête de sainte Madeleine, et y avoir un vicaire.

Cette léproserie était située sur le bord de la route d’Anneville à Barfleur. Le Livre blanc de l’évêché contient, en ce qui concerne les lépreux de Montfarville, un passage d’après lequel un lépreux de cette paroisse ne peut et ne doit faire de testament, et quand il vient à mourir ses biens appartiennent au curé : nec potest, nec debet jacere testamentum. Quando aliquis leprosus defunctus est, rector debet habere bona dicti defuncti.

On trouve qu’en 1210 l’abbé de Montebourg afferma à Pierre de Morfarville les deux tiers de la foire des lépreux qui se tenait à Montfarville. [1] L’abbaye possédait cette foire dès le XIIe siècle.

Sur la liste de la croisade de Robert Courte-heuse, en 1096, on trouve le sire de Morfarville.

La famille Folliot, à l’époque de la Conquête , possédait des biens à Montfarville. Cette famille fut long-temps puissante en Angleterre et en Normandie ; plusieurs de ses membres firent des donations à l’abbaye de Montebourg et à l’Hôtel-Dieu de Barfleur. Elle se maintint en Angleterre, même après la conquête de Normandie par Philippe-Augusie : ainsi, sous Henri, [2] Samson Folliot fut gouverneur d’Oxfort et shérif du comté. Un autre membre, Gilbert Folliot, fut évêque de Londres. [3] Les biens de la famille Folliot, en Normandie, tombèrent dans le domaine du Roi ; car, en 1231, saint Louis donna à Jean de Friscamps, bailli du Cotentin, les terres que possédaient Richard et Samson Folliot. Les Folliot existaient encore dans le Cotentin, à la fin du XIIIe siècle ; ainsi, en 1278, Richard Folliot, fils de Samson, confirma à l’abbaye de Montebourg des biens situés à Joganville.

D’après le registre des fiefs de Philippe-Auguste, Guillaume Lefevre (Faber) avait à Montfarville la quatrième partie d’un fief qu’il tenait du seigneur d’Angoville, et qui dépendait du fief du Neubourg, de feodo Novi Burgi, lequel relevait de la baronnie de Lithaire.

Le roi Jean, duc de Normandie, est passé plusieurs fois par Montfarville soit pour aller s’embarquer à Barfleur, soit à son retour de Barfleur. D’après son itinéraire, il y était le 27 septembre de l’an 1200 ; il y séjourna dans le château les 26, 27 et 28 novembre suivant, ce qui fait ressortir l’importance qu’avait alors le château de Montfarville. Le 23 décembre 1203, le roi coucha au château de Gonneville ; ce fut la dernière nuit qu’il passa en Normandie.

A la fin du XIVe siècle, la juridiction de la baronnie de La Haye-du-Puits s’étendait sur Montfarville.

Le manoir actuel de Montfarville a dû remplacer un château à motte, clos de murs et de fossés, et qui fut détruit en 1356. On sait que les Anglais, dans leurs guerres contre la France, dans le XIVe siècle, pillèrent, brûlèrent et dévastèrent, entre autres châteaux, celui de Montfarville. [4] On remarquait encore, il y a quelques années, les traces des fossés, les restes de la motte de l’ancien château et de sa chapelle, fondée par Guillaume Folliot, vers la fin du XIIe siècle. On trouve, dans le courant du XVIIe siècle, les Duparc comme seigneurs châtelains de Montfarville.

On a découvert, à Montfarville, deux médailles romaines en or, dont une de Néron.

Montfaut, en 1464, trouva noble à Montfarville Jean de Belleval.

Roissy, en 1599, y mentionne les Lemoigne, anoblis en 1579, et les de Signé.

La paroisse de Montfarville dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Valognes et de la sergenterie du Val-de-Saire ; elle comptait 247 feux imposables, en 1722 ; 261, en 1735, et 1,180 habitants. Sa population, en 1871, est de 1,319 habitants.

Source :

Notes

[1] Annuaire de la Manche, année 1850, pag 540.

[2] De 1216 à 1272.

[3] Mss. de Toustain de Billy. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome I, pag. 347 ; tome XVI, pag. 60 el 61 ; Annuaire de la Manche, année 1859, pag. 103 et 104.

[4] Chroniques de Froissard.